Marc et Nadé Blata, Laurent Correia, Dylan Thiry… ces influenceurs visés par le Collectif AVI

Marc et Nadé Blata, Laurent Correia, Dylan Thiry… ces influenceurs visés par le Collectif AVI

Influenceurs. « C’est une redistribution des richesses ». « Tu investis un euro, tu as 1000 euros ». « C’est très simple, il n’y a rien de compliqué ». « Quand je vous parle, c’est important de m’écouter. Écoutez un peu ce qu’on vous dit. Je vous montre maintenant ce que vous avez perdu ». Ces paroles sont celles d’un couple d’influenceurs français vivant à Dubaï, Marc et Nadé Blata, de leurs vrais noms Marc Singainy Tevanin et Nadira Brik Chaouche. Tout au long de l’année 2022, ils ont fait la promotion de projets NFT et d’investissements en cryptomonnaie. Leur discours est bien rôdé. À l’aide de stories quasi quotidiennes sur Snapchat, ils ont partagé (et le font encore) leur vie de luxe et l’argent récolté grâce à leurs placements financiers.

Pour les milliers de personnes qui les regardent chaque jour, leur rêve de devenir riche est à portée de main. C’est en tout cas ce qu’essaie de leur faire croire les deux influenceurs. Car plusieurs milliers de personnes sont aujourd’hui en détresse après avoir suivi leurs conseils. Depuis août 2022, l’association Collectif AVI ((aide aux victimes d’influenceurs) réunit plusieurs centaines de consommateurs qui se sentent lésés par ces personnalités du web. Slim, le président de l’association a investi 1500 euros après avoir entendu et suivi les conseils du couple Blata. Résultat: il a tout perdu. Le 21 janvier dernier, 88 plaintes ont été déposées auprès de la procureure de la République de Paris pour dénoncer et lutter contre deux projets menés par ces influenceurs, tous issus de la télé-réalité. Le 23 janvier, lors d’une conférence de presse organisée à Paris, le collectif AVI a donné plus de précisions quant à ses actions.

Deux projets visés Animoon et Blatagang

Le premier projet pour lequel lutte le Collectif AVI porte le nom d’Animoon. Lancé en janvier 2022, ce programme a mis à disposition d’investisseurs, de nombreux NFT inspirés du jeu de carte Pokémon. Au total, 5000 personnes ont investi dans les 9999 NFT Animoon, pour un total de 5 millions de dollars récoltés. Pour inciter les utilisateurs à investir leur argent, le projet a été promu par de nombreux influenceurs réunissant des millions d’abonnés, dont le couple Blata. « Ils ont fait un tas de promo », insiste Slim, lors de la conférence de presse du 23 janvier. Au travers de cette promotion de masse, les influenceurs promettaient monts et merveilles: 2500 euros de revenus à vie en éthereum, marques de luxe, voyages… 5 mois après la vente des NFT, les comptes sur les réseaux sociaux du projet ont été désactivés et les investisseurs n’ont plus eu aucune nouvelle. Cette arnaque s’appelle « un tirage de tapis »: disparaître sans laisser de traces.

Le second projet est baptisé « Blatagang ». Comme son nom l’indique, le couple Blata en est à l’origine. Après avoir incité leurs abonnés à investir dans les NFT Animoon, Marc et Nadé Blata les ont encouragés à investir dans des actifs financiers et des cryptomonnaies, via le système de copy-trading (copié-collé et encaisser). Rien de bien compliqué: il suffit de suivre à la lettre ce que l’on vous écrit pour gagner de l’argent. Près de 19.000 personnes se sont inscrites au canal Telegram de ce projet, dont 2139 qui sont VIP, donc ont investi sur les conseils envoyés dans ce chan. Encore une fois, les personnes qui ont investi, dont Slim, ont perdu tout ou en grande partie les sommes misées, alors qu’on leur promettait un gain intéressant chaque jour.

88 personnes issues du collectif AVI ont déposé plainte contre X. Le couple Blata est principalement visé. Plusieurs chefs d’accusation ont été retenus par les avocats de ces consommateurs: escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs, abus de confiance et contrefaçon pour le concept d’Animoon qui utilisait des graphismes non libres de droit. À la suite de ces accusations, Marc Blata s’est défendu auprès de BFM. « Le projet est sorti il y a environ un an. Entre-temps, il y a eu la crise financière et la déflation. À un moment, les investisseurs auraient pu tirer de l’argent, mais ils ont été trop gourmands, ils ont préféré attendre pour faire gonfler leur mise et ont perdu. Si les cours repartent à la hausse, ils pourront encore faire des bénéfices », estime l’influenceur. « Le copy-trading est légal et le projet Animoon est vrai et concret », assure-t-il.

Dylan Thiry et le couple Correia

Le collectif AVI ne compte pas s’arrêter à ces deux « arnaques ». Les consommateurs ont également dans le viseur l’influenceur Dylan Thiry, qui vit à Dubaï, et qui est connu pour ses apparitions remarquées en télé-réalité et ses prises de parole sur les réseaux sociaux. « Guérir les cellules cancérigeuses », c’est lui. Il est notamment pointé du doigt pour avoir levé des fonds pour une association qu’il a lui même créé, baptisée « Pour nos enfants ». Fondée en décembre 2021, elle a été dissoute le 4 novembre 2022 et a réuni plus de 261.000 euros. Problème: l’investissement de cet argent est resté flou et opaque. Certains investisseurs ont déposé plainte pour abus de confiance.

Le couple Correia est aussi installé à Dubaï. Comme pour les Blata, Jazz et Laurent poussent également leur communauté à investir dans les cryptomonnaies et NFT. Laurent est à la tête du NFT Billionnaire Dogs Club, une collection de 2000 items avec comme personnage principal, un chien. 1200 personnes ont investi, mais n’ont jamais reçu en échange les voitures de sport et l’argent en cash promis. Un tirage au tapis a également été avéré pour un montant de 400.000 dollars. Par ailleurs, Laurent fait aussi la promotion du Billiogang élite, un projet de copy-trading, promu quotidiennement par la JLC Family, des influenceurs issus de sa famille de sang et de coeur.

En réunissant des preuves et des consommateurs lésés, le Collectif AVI souhaite que des enquêtes soient ouvertes. « Notre objectif est de faire en sorte que ces influenceurs soient stoppés, qu’il n’y ait plus de victimes. Si je peux retrouver mon argent, pourquoi pas, mais il faut surtout que ça s’arrête », précise Mélissa, une victime qui a investi 1000 euros dans l’un de ces projets.

Pour la suite, le cabinet Ziegler & Associés espère que d’ici au printemps, les premières enquêtes seront menées. Pour les réaliser au mieux, les avocats veulent qu’une collaboration entre la France et Dubaï ait lieu. En parallèle du collectif, d’autres plaintes individuelles ont été déposées contre le projet Animoon.

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