Au procès de TikTok, les influenceurs ont été salués pour leur créativité
TikTok. La salle du Mogador à Paris se remplit petit à petit. D’un bout à l’autre, les invités se lancent des grands bonjour d’un signe de main. Ça éclate de rire et parle fort ici et là. Ces spectateurs bruyants et apprêtés comme s’ils se rendaient à la soirée des César, sont en grosse majorité des TikTokeurs. À leurs côtés, plus silencieuses, des familles les regardent d’un air un peu surpris.
Nous sommes le 21 mars et il est 20h30. Dans quelques minutes, sur la scène de ce mythique théâtre parisien, va s’ouvrir un procès un peu hors du commun. Baptiste, Mayari, Logan, Diego, Emilie, Eva et Thomas sont face à ce public qui hurlent leurs prénoms quand la lumière les éclaire. Leurs noms ne vous évoquent peut être rien, pourtant, vous les avez déjà vu sur TikTok. Ils réunissent des centaines de milliers d’abonnés, voire pour certains, dépassent largement le premier million. Leurs vidéos enregistrent des statistiques aussi hausses. Ce soir-là, ces créateurs de contenu endossent leur personnage imaginé sur les réseaux sociaux, mais devant un public.
TikTok, est-ce une bonne idée?
Cet événement s’appelle « Le procès de TikTok ». Dans la même lignée que les autres rendez-vous de ce type, ce concours d’éloquence a pour objectif d’argumenter autour d’un sujet. Il s’agit pour cette soirée d’analyser la plateforme de ByteDance et ses conséquences sur la société. Pour débuter les plaidoiries, Baptiste, alias Batzair, s’élance sur scène dans un costume tout blanc. Il représente le paradis et le public, les nouveaux arrivants. Par des jeux de mots et des blagues bien pensées, ils créent ensemble le réseau social TikTok. Est-ce une bonne idée? Ce sera aux autres de le démontrer avec des histoires personnelles ou des mises en scène de leur personnage.
Entre les différents sketchs interprétés par les influenceurs, des comédiens distillent des arguments pour ou contre la plateforme. Ils s’expriment sur plusieurs sujets allant de l’hypersexualisation au narcissisme en passant par la créativité. Debout devant leur pupitre, ils enchaînent les références à TikTok en reprenant les sonores tendances de ces derniers mois ou en faisant référence à certains bad buzz. Le créateur qui twerke dans l’église sera souvent évoqué tout comme Elodie Costa.
« TikTok, c’est le bal des narcissiques »
Face à eux, le public est indulgent… et très à l’aise. Un léger brouhaha ne cessera d’envahir la pièce à plusieurs reprises. Ça discute ici et là des références énoncées, de la personne qui est sur scène ou encore de l’explication d’une blague mal comprise. Ce même public sera également présent pour applaudir, encourager et éclater de rire aux discours de leurs camarades face à eux. Une grande partie de ces personnes, rappelons-le, sont influenceurs eux-mêmes. Et tout le monde se connaît. Alors quand c’est au tour d’Ogée de se produire à deux reprises pour chanter, c’est l’apothéose. « Tu es la queen ». « Go girl ». « Elle est trop belle ». Le tout bien évidemment sous la lumière des téléphones portables pour capturer chaque instant. Le ton est bien différent lorsque l’orchestre joue une interprétation du générique de Pirates des Caraïbes. Nos voisins s’impatientent de voir la suite. « C’est bientôt fini leur musique de Games of Thrones là? » À deux rangées de là, d’autres invités passent le temps en mangeant des chips.
Tout ce beau monde, a-t-il été réceptif aux arguments des jurés un peu trop agacés de la plateforme? Que pensent-ils de la description qui est faite des influenceurs français créant du néant avec du vide et enchaînant les tendinites au poignée à force de scroller sur leur téléphone? Difficile à dire. Mais on est certaines que la conclusion de ce procès ne peut que les ravir. « TikTok, c’est le bal des narcissiques. On se contemple à travers un portable ». D’accord, ces premières phrases sont loin d’être positives. Mais, il y a un mais. « Ce sont des gens bourrés de talent, créatifs. Ils ont quitté le noir de leur chambre » pour venir briller sur la scène du Mogador pour se confronter pour la première fois à un public.
TikTok a des bons comme des mauvais côtés. Si le procès de l’application n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu des préjugés que l’on a déjà sur le réseau social, certaines personnes dans la salle sont peut-être reparties avec un autre avis de l’application. À nos côté, Anaelle nous explique appréciée « ce genre de soirée qui nous pousse à une certaine ouverture d’esprit ». C’est sûr, elle passera ces prochaines soirées à scroller longuement sur TikTok pour retrouver les profils des créateurs sur scène.