Avec Bruno Le Maire, l’UMICC et les influenceurs estiment qu«’il reste des zones de flou » concernant la loi
Influence marketing. Le 9 juin dernier, la loi influenceurs a été votée. Dans la foulée, les créateurs de contenu, les agences et les annonceurs ont été invités à suivre les nouvelles obligations. Parmi elles, on peut retrouver la mention « collaboration commerciale » à préciser pour tous les partenariats rémunérés, des produits ne sont plus autorisés à être mis en avant et le rôle d’un agent a été défini. Si une bonne dizaine de points sont clairs, d’autres restent encore très flous. Quid des montants à partir desquels il y a une obligation de contrat? Comment faire lorsque l’on reçoit un cadeau et qu’il faut le déclarer?
Pour répondre à l’ensemble de ces questions restées en suspens depuis des mois, l’UMICC a organisé ce jeudi 21 septembre, une réunion de rentrée pour « tout savoir sur la loi influenceurs ». « Ça fait 9 mois que l’UMICC existe. J’ai l’impression que ça fait 9 ans. Il s’est passé beaucoup de choses. La volonté est de pouvoir comprendre les métiers de tout le monde », introduit Carine Fernandez, présidente de l’UMICC et fondatrice de l’agence Point d’Orgue. Pour avoir des retours concrets, les créateurs de contenu et les agences d’influence ont pu assister à une table ronde en compagnie des membres de l’UMICC, accompagnés par la DGCCRF et la DGFIP. En fin de discussion, Bruno Le Maire a fait le déplacement.
Ce matin, l'@umicc organise un événement de rentrée pour "tout savoir sur la loi influenceurs".
Bruno Le Maire est attendu. Des membres de la DGCCRF et de la DGFIP sont présents également. pic.twitter.com/5HDFRn2yEU
— Myriam (@myriiamroche) September 21, 2023
Quelles sont les réponses de Bruno Le Maire, de la DGCCRF et de la DGFIP aux influenceurs et à l’UMICC?
L’UMICC l’a répété à plusieurs reprises au cours de la matinée, l’application de la loi et les zones d’ombre « font peur » aux acteurs du secteur. « On a tous envie de respecter la loi, de ne pas se mettre dans les embrouilles, de ne pas être sanctionnés », indique Carine Fernandez. Pour rassurer l’UMICC et les créateurs dans la salle, Bruno Le Maire a reçu à bras ouverts les critiques. « L’objectif de la loi n’est pas de vous embêter. Elle est là pour pour vous accompagner. […] Ce que je propose, c’est de mettre en place un groupe de travail permanent avec l’UMICC, la DGFIP et la DGCCRF et que l’on rédige ensemble ce guide de bonnes pratiques. […] Je veux revenir dans cette salle dans 6 mois et que vous me disiez que la loi vous simplifie la vie », poursuit le ministre.
Mais il n’a apporté aucune véritable réponse aux questions posées. Et ce ne sont pas les autres administrations présentes qui l’ont fait à sa place. Paul-Emmanuel Piel, chef du bureau médias, télécommunications, biens et services culturels au sein de la DGCCRF semble assurer ses arrières avec la même expression. « Il faut voir au cas par cas ». Puis quelques minutes plus tard, « on ne pourrait pas toujours vous donner une réponse claire, car on fait du cas par cas. » Il tient cependant à répondre à une question qui fait trembler beaucoup de créateurs: lorsque certains influenceurs se font épingler. « Les cas sur lesquels nous avons communiqué, c’est quand il n’y avait vraiment pas de transparence. Il ne faut pas penser que l’on envoie des PV à tout le monde », poursuit-il. Ce qu’il faut en retenir, c’est que la mention « collaboration commerciale » doit être visible dans la majeure partie des cas.
L’UMICC arrive à la même conclusion. Pour Stéphane Bouillet, cofondateur d’Influence4You, l’idée est de la « mettre partout, quitte à ce que ça n’est plus aucun sens pour les consommateurs. On se doit de se protéger. On ne va pas mettre en péril les agences, les annonceurs et les influenceurs ». Concernant la manière dont cette mention doit être visible sur les réseaux sociaux, le conseil est de l’écrire plutôt que d’utiliser les options directement développées par les applications. Sur Instagram, par exemple, il est possible de cocher une case « rémunéré avec », une expression qui ne répond pas à la loi influenceurs. « Utilisez l’outil TikTok, car il est conforme. N’utilisez pas les outils Meta et YouTube car ils ne sont pas conformes, écrivez la collaboration commerciale », poursuit l’UMICC.
Concernant le point sur la fiscalité, le ton est légèrement monté. À partir de quel montant doit-on déclarer les produits que l’on a reçu? « Tout ce que vous recevez est imposable au premier euro », précise Florent Boissay, chef du bureau animation de la fiscalité professionnelle au sein de la DGFIP. « Un cadeau, c’est quelque chose qui n’a pas de contrepartie. Donc, l’invitation à un voyage n’est pas un cadeau », poursuit-il. Les réponses apportées ne semblent pas avoir éclairées l’auditoire. « Il y a besoin de plus de doctrines fiscales sur votre secteur. Ce serait un plus et il faudrait qu’on aille vers ça », tient-il à conclure.
Même pour les créateurs de contenu, les interrogations s’accumulent
Parmi les intervenants présents lors de cette conférence, des créateurs ont été conviés à prendre la parole. La première à s’être prêtée à l’exercice est Marie Lopez, alias EnjoyPhoenix. Pour elle, la loi sur les influenceurs est une bonne action, car tout le monde se retrouve dans le « même bateau ». « Si on ne joue pas le jeu, on va tous se faire épingler. » Mais il reste encore des choses à faire évoluer, notamment du côté des réseaux sociaux quand il s’agit des collaborations commerciales. Les termes proposés par ces outils ne sont pas conformes à la loi. « Les plateformes ne nous aident pas du tout. Ce serait plus simple pour nous en tant que créateur d’avoir l’option de cocher une case, que ça soit simplifié. J’aimerais que les plateformes s’y mettent pour nous assurer une sécurité et de la transparence », indique l’influenceuse.
De son côté, Fatou Guinea a tenu à préciser que jusqu’à présent les créateurs de contenu précisaient, à l’oral ou à l’écrit, quand il s’agit d’un partenariat. « On ne l’écrivait pas forcément, mais on le disait. Notre agence nous disait d’assumer. » Comme pour Marie Lopez, elle trouve que l’arrivée de cette loi est une bonne chose pour le secteur. « On nous a assimilé aux influvoleurs. Et cette loi a été faite en partie à cause d’eux et c’est bien que l’on soit dissocié d’eux », poursuit-elle.
En conclusion de l’ensemble de ces discussions, Carine Fernandez assure qu«’il va être essentiel que l’UMICC puisse travailler avec les services pour vous donner des réponses hyper claires. »