TikTok au Sénat: le paradoxe des réseaux sociaux chez les adolescents

TikTok au Sénat: le paradoxe des réseaux sociaux chez les adolescents

TikTok. Depuis le lundi 13 mars, la commission d’enquête au Sénat concernant TikTok a débuté. L’objectif est de comprendre comment l’application fonctionne, où vont ses données et quelle est la stratégie d’influence la concernant. Pour mener à bien ce travail, un Bureau a été constitué d’une douzaine de sénateurs. Mickaël Vallet, sénateur socialiste de Charente-Maritime, dirige les discussions. Il est accompagné de Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, en tant que rapporteur. Ils sont entourés d’une dizaine de vice-présidentes et vice-présidents présents lors des échanges avec les spécialistes.

« L’actualité aux États-Unis, au Canada, et en Europe, confortent notre initiative au Sénat. Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données. La commission d’enquête permettra de faire toute la lumière sur ces questions et fera des recommandations », indique Claude Malhuret sur le site du Sénat.

Les auditions de la commission d’enquête sont diffusées en direct et sont disponibles en replay sur YouTube. Nous avons pris le temps de les regarder en intégralité pour vous faire un résumé de ce qu’il s’est dit. Le jeudi 11 mai, ce sont trois membres de l’observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) qui ont été réçus. Thomas Rohmer, directeur-fondateur de l’observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), Angélique Gozlan, docteure en psychopathologie, psychologue clinicienne et Milan Hung, psychologue clinicien spécialisé dans les problématiques du numérique et des usages du jeu vidéo ont présenté leur point de vue aux sénateurs.

TikTok est à prendre en compte avec l’ensemble des réseaux sociaux

Comme lors des dernières présentations, les experts ont tenu à préciser dès le début qu’il n’y avait pas d’études spécifiques en France, sur les effets psychiques des adolescents par rapport à TikTok. Ils ont également indiqué que l’application ne pouvait pas être analysée seule, mais qu’il était plus judicieux d’inclure l’ensemble des réseaux sociaux pour comprendre les conséquences de leur utilisation sur les plus jeunes. « Le réseau social est un objet culturel pour les adolescents qui ne peut se détacher du quotidien des familles, et des autres stimulations, comme les amis, l’école », analyse Angélique Gozlan.

« L’utilisation des réseaux sociaux par les adolescents est multiple et diverse. […] Sur Snapchat, les adolescents vont l’utiliser pour leur cercle d’amis assez fermé, particulièrement la messagerie instantanée. Sur Instagram, ils vont plutôt suivre des influenceurs, vont travailler la mise en image de soi à travers les photos filtrées. Et sur TikTok, on va avoir des adolescents qui disent utiliser cette plateforme pour le divertissement, mais aussi pour consommer de l’information. Pourquoi? Parce qu’elle est simple d’utilisation. Elle permet de créer du contenu tout en s’amusant au montage vidéo et audio », poursuit-elle. Un discours et une présentation qui vient argumenter le fait que les réseaux sociaux sont à considérer dans leur globalité.

Mais quels sont leurs effets sur les plus jeunes utilisateurs? « Il y a des effets positifs et des effets négatifs à l’usage des réseaux sociaux numériques, en fonction de la corrélation, de la vulnérabilité propre à l’adolescence, de l’environnement de l’adolescent, de son usage singulier des réseaux sociaux et de la qualité de sa communauté numérique« , indique docteure en psychopathologie et psychologue clinicienne. Côté négatif, les adolescents font face à du cyber-harcèlement, à la radicalisation de la pensée, notamment via l’algorithme de TikTok qui les enferme dans un certain cercle de thématiques, à des risques liés à certains défis ou autres, à du trouble du sommeil ou encore à de l’anxiété. Mais ces effets, s’ils sont visibles sur les réseaux sociaux, peuvent naître ailleurs. « La souffrance peut être préalable aux réseaux sociaux et ces derniers ne seront le reflet que d’une souffrance pré-existante. […] La manière dont un adolescent va utiliser les réseaux sociaux numériques peut être un indicateur de souffrance psychique », poursuit-elle.

Quel est le rôle des parents?

Les parents pourraient permettre aux enfants de mieux comprendre les risques liés aux réseaux sociaux, mais les trois experts ont pointé du doigt une problématique. Les utilisateurs les plus âgés n’ont pas forcément conscience de l’impact de ces applications sur les comportements de leurs enfants. Ils les ouvrent eux-même quotidiennement et peuvent avoir conscience de leurs effets négatifs, mais ne savent pas véritablement comment préparer leurs enfants à cette ouverture sur le monde. Il y a une « méconnaissance et un manque d’éducation au média du numérique » qui relève de plusieurs facteurs, précise Milan Hung. Il y a un manque d’accès à des sources d’information qui soient fiables, une difficulté de remise en question des contenus publiés ou consultés ainsi qu’une difficulté à savoir ce sur quoi être vigilant en ligne. En d’autres termes, les parents ressemblent à leurs enfants, et apprécient se divertir sur ces applications, mais n’ont pas tous le recul pour donner les meilleures indications aux plus petits.

Pour accompagner au mieux les jeunes enfants et les adolescents sur les réseaux sociaux, il y a besoin que les parents comprennent leur utilisation et puissent accompagner au mieux leur entourage à leur usage. Les trois experts sont unanimes. Si des risques sont avérés en ligne, il manque une réelle formation des plus âgés pour que ces espaces numériques soient mieux appréhendés.

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