Qu’est-ce que la tendance « That girl » sur les réseaux sociaux ?
Réseaux sociaux. « Devenez cette fille avec moi ». Ces derniers mois, il est certain que vous n’avez pas pu échapper à la tendance « That girl » sur les réseaux sociaux. Si l’expression ne vous dit rien, sa description vous rappellera sûrement quelque chose. Ce sont ces utilisatrices qui partagent leur lit bien fait, leur maison parfaitement rangée, leur routine et leur peau belles ou encore leur dressing bien ordonné. Ces vidéos ont d’abord été partagées sur TikTok, avant d’envahir l’ensemble des plateformes.
L’esthétique de ces publications fait que l’on n’a du mal à décoller ses yeux des images, tant elles sont agréables à regarder. Ne vous perdez pas en route, l’objectif de ces vidéos n’est pas de nous faire saliver devant un appartement tiré à quatre épingles, mais de nous faire devenir « that girl ».
Comment pourrait-on définir cette tendance? Elle ne se réduit pas à avoir un bel intérieur et une garde-robe soignée. Le concept demande d’aller un peu plus loin. « Pour moi « that girl », c’est la femme qui a sa vie en main et qui tend vers la meilleure version d’elle-même », confie au site Les Gens d’Internet, Léa Pironneau, fondatrice de L’atelier Digital et créatrice de contenu sur YouTube. Dans l’une de ses vidéos, elle évoque ce phénomène et c’est loin d’être la seule.
Des YouTubeuses comme Anna Rvr en ont également parlé dans un contenu dédié, baptisé « Je deviens That Girl pendant 24h ». Sa communauté peut la suivre toute une journée pour essayer de devenir la meilleure version d’elle-même. « Pour moi, c’est une esthétique qui a été développée avec comme valeurs principales le réveil tôt, la nourriture saine, le sport, le « alone time » et le self care. C’est la fille qui est très saine, qui a une routine hyper carrée », explique l’influenceuse. « D’un autre côté, les caractéristiques prennent également en compte un bon nombre de clichés passant par le matcha, le sport le matin dans sa morning routine à rallonge pour « prendre du temps pour soi », les cheveux plaqués en chignon bas… », surenchérit Léa Pironneau. Essayer d’être « that girl » s’apparente donc presque à un véritable challenge.
« That girl », une déclinaison des Tumblr et des girl boss
Finalement, en y réfléchissant bien, cette tendance n’est pas tellement nouvelle. Il pourrait en réalité s’agir, comme souvent, d’une évolution d’autres concepts apparus ces dernières années. Il y a un peu plus de 10 ans, lorsque la plateforme Tumblr réunissait une belle communauté, des utilisatrices se faisaient un plaisir de partager des photos inspirantes censées représenter une vie parfaite. Ces pages remplies de dizaines et de dizaines d’images avaient un seul objectif: nous pousser ou nous faire rêver à une vie meilleure. Aujourd’hui, c’est sur Pinterest qu’il est possible de procrastiner devant ces publications en tout genre. Encore une fois, ces maisons aux décorations parfaites et ces routines beautés qui font envie sont nombreuses à y être publiées.
On pourrait également faire le parallèle avec la « girl boss ». Le terme est apparu sur les réseaux sociaux en même temps que la publication du livre et la diffusion de la série du même nom, retraçant la vie professionnelle de Sophia Amoruso, la fondatrice du site Nasty Gal. Il était alors ici question de féliciter le travail acharné de ces jeunes femmes qui font tout pour réussir, même à y passer leur nuit. Comme pour le « that girl », l’expression « girls boss » est devenue virale si bien que de nombreux contenus ont été publiés ici et là pour expliquer de quoi il s’agissait et donner des conseils pour y parvenir.
Puis, la Gen Z est passée par là. Et puisque la majorité de son quotidien consiste à ouvrir TikTok et à faire défiler les vidéos de la page Pour toi, les utilisatrices de cet âge ont elles aussi voulu redessiner les contours de cette tendance. « Je suis un pur cliché du « that girl » de la génération Z, parce que je suis totalement pour le fait de s’aimer, de se connaître, d’apprécier sa propre compagnie et de se donner les moyens de réussir, à travers un équilibre de vie (vive la morning routine clichée de « that girl »). Néanmoins, je pense que comme toute tendance, il faut être conscient.e des limites, faire attention aux déviances, et faire à sa guise avant tout. On n’a pas besoin d’être « that girl » pour être vraiment that girl », résume Léa Pironneau. Comme le dit si bien la jeune entrepreneure, il y a des limites.
@emmagodfreyy_ prioritizing my morning routine in 2022 🤍 #done2022contest #healthyhabits #morningroutine #healthyliving #thatgirl #2022 #2022goals ♬ original sound – Victoria’s Secret Fashion Show
Comme pour toutes ces tendances nées sur les réseaux sociaux, il faut savoir prendre du recul. Sinon, on ressent vite de la culpabilité, on se compare, on sent cette injonction de se mettre au niveau et ça devient vite fatiguant. Non, dans la vie, tout le monde n’a pas un appartement bien rangé, des tonnes de thés dans un tiroir blanc ou encore des huiles à tout-va dans sa salle de bain. Ici, il s’agit d’une définition parmi tant d’autres du quotidien de quelques utilisatrices. Sauf que contrairement à notre vie, la leur a été visionnée près de 7 milliards de fois sur TikTok.