#BalanceTonInfluenceur: tout ce qu’il faut savoir sur ce hashtag Twitter

#BalanceTonInfluenceur: tout ce qu’il faut savoir sur ce hashtag Twitter

Influenceur. Les langues dans le monde si fermé des réseaux sociaux se délient. Dans le courant du mois de juin, une enquête menée par Mediapart accuse le YouTubeur DirtyBiology, Léo Grasset de son vrai nom, d’harcèlement sexuel, de violences psychologiques, sexistes et sexuelles. Plusieurs créatrices de contenu ont pris la parole publiquement sur ce qu’elles ont vécu pour dénoncer ces agissements.

Le 5 juillet, le site indique que le 30 juin dernier, l’une d’entre elles, Clothilde Chamussy de la chaîne YouTube « Passé sauvage », a porté plainte pour harcèlement sexuel. De son côté, Léo Grasset s’est défendu dans un tweet après la publication du premier article. « Je conteste les accusations relayées à mon encontre » et précise se tenir la disposition de la justice si une enquête était ouverte.

Plusieurs jours après la publication de cet article, c’est sur Twitter qu’un autre mouvement naît. Via le hashtag #BalanceTonInfluenceur, plusieurs femmes ont décidé de prendre la parole sur les agissements de certains créateurs de contenu. Certains d’entre eux sont accusés de viol ou d’en faire l’apologie, de demander des photos dénudées à des mineurs ou encore de harcèlement. Via des screenshots des conversations, ces utilisatrices ont partagé des threads sur leur histoire en utilisant le hashtag. Le 1er juillet, plus de 60.000 tweets ont été enregistrés en 24 heures. Retour sur ce qu’il s’est passé.

Comment le hashtag #BalanceTonInfluenceur est-il né?

Tout a commencé sur TikTok. Il y a plusieurs semaines, l’influenceur Maxime Skye publie une vidéo où il pose une question: « y’a combien de violeurs parmi les influenceurs? ». Il ne s’attendait certainement pas à recevoir en retour de si nombreux commentaires. Ses abonnés, ainsi que les utilisateurs de la plateforme, ont commencé à raconter leur histoire en commentaire. Face à la situation, le vidéaste décide alors d’ouvrir un compte Telegram pour inciter ces personnes à réunir des preuves avant de mener une action collective. Plus de 4000 personnes s’abonnent à cette conversation et attendent patiemment le retour de l’influenceur. De son côté, Maxime Skye réfléchit à comment utiliser au mieux son influence pour enfin faire bouger les choses.

« L’heure est arrivée, ce soir toutes ces mauvaises personnes des réseaux sociaux vont être dénoncées« , indique-t-il dans un message écrit le 30 juin, avant de faire quelques précisions. « Après des heures à réfléchir à comment vous donnez des noms sans que cela se retourne contre moi et que ce soit de la diffamation, j’ai trouvé la solution. Ce soir ce n’est pas moi qui vais donner des noms mais vous. Cela va se passer sur Twitter. Je veux que toutes les personnes qui ont eu des choses graves avec des influenceur mettent tout leurs témoignages sur le #BalanceTonInfluenceur », poursuit-il.

Le départ de ce hashtag est lancé le 30 juin à 21h. Des milliers de tweets sont alors partagés, la plupart sans preuves, pour dénoncer telle ou telle personne. Les véritables informations sont rapidement noyées sous le volume de tweets. Mais les premières dénonciations, screens à l’appui, ne vont pas tarder à arriver.

Qui sont les influenceurs visés par le hashtag #BalanceTonInfluenceur ?

Dans les pseudos qui remontent assez facilement, nous pouvons retrouver celui d’Amaru. Il s’agit d’un créateur de contenu assez présent sur Twitch où il réunit plus d’un million d’abonnés. Dans notamment deux threads publiés sur Twitter, deux femmes l’accusent de faire l’apologie du viol ou de leur avoir demandé des photos dénudées alors qu’elles étaient mineures. Dans l’une de ces conversations, il y détaille que lorsqu’il « se fait chier », il pense à des « bails de cul ». « Ce serait de « profiter » d’une meuf quand elle est dans un état d’inconscience », peut-on alors lire dans la conversation partagée. À ce moment-là, Sarah avait 17 ans et lui, la vingtaine.

Dans une autre discussion avec une autre fille, il précise que « ton âge, ce n’est pas mon problème. Tu n’as qu’à pas être bonne ». Des messages qui ont été échangés avec Héléna en 2018, alors qu’elle avait 17 ans et lui 21 ans.

En parallèle, d’autres créateurs de contenu ont été visés par des messages, mais aucune preuve n’a été partagée. Certains ont tout de même décidé de prendre la parole pour se défendre, ce qui n’est pas le cas d’Amaru à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais celui d’Arthur, qui travaille avec Studio Danielle.

https://twitter.com/_StudioDanielle/status/1543919386746134530

Et après le hashtag?

Dénoncer les agissements de ces influenceurs sur la place publique permet de faire ouvrir les yeux à nombreux de leurs abonnés. L’objectif est également d’alerter ces derniers sur le possible comportement que ces influenceurs peuvent avoir. Ils sont une forme de mise en garde contre ceux, encore naïfs, qui peuvent parfois être aveuglés par la popularité de ces créateurs de contenu. Mais au-delà des réseaux sociaux, ces threads n’ont que très peu de valeurs devant la justice. Ce sont aux victimes d’aller plus loin en déposant une plainte.

Il y a quelques années, Squeezie avait lancé un mouvement similaire baptisé #BalanceTonYouTubeur. Avec un seul tweet, il avait encouragé les victimes des vidéastes à se confier sur les abus de plusieurs influenceurs, qui demanderaient à leur plus jeunes abonnés des faveurs sexuels. Plusieurs années sont passées, et le hashtag a perdu rapidement en intensité, mais les victimes n’ont pas pour autant lâché l’affaire. En 2020, la Québécoise Maggie Desmarais annonçait porté plainte contre Norman. Elle l’accuse de lui avoir demandé des photos dénudées alors qu’elle était mineure. Peu de temps après, elle s’est entretenue avec le média Urbania pour témoigner à ce sujet. La même année, une enquête avait été ouverte contre le YouTubeur Experiment Boy, après que deux personnes aient déposé plainte pour corruption de mineurs, enregistrement d’images pornographiques de mineurs, et  propositions sexuelles à des mineurs de quinze ans.

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