Quand la Commission européenne sollicite les influenceurs et leurs abonnés autour du green deal
Influence marketing. Depuis plusieurs années, la Commission européenne sollicite régulièrement des créateurs de contenu. En 2019 par exemple, certains d’entre eux avaient été invités à un « voyage d’étude » à son siège bruxellois. L’objectif était assez clair, l’institution souhaitait que ses engagements et travaux figurent davantage dans les conversations. Que l’on parle de l’Europe un peu plus sur les réseaux sociaux et ailleurs.
En 2021, la Commission européenne s’est également tournée vers des créateurs de contenu, mais pour un sujet bien plus spécifique: le green deal. Pour réaliser cette campagne loin d’être sexy, l’institution s’est entourée de l’agence de marketing d’influence belge BeInfluence pour mener à bien ce projet. Comment la campagne s’est-elle déroulée? Quel a été le rôle des influenceurs? Parler de sujet aussi sérieux et clivant a-t-il été une réussite? Petit retour en arrière pour en avoir le coeur net.
Des influenceurs, leurs communautés et la Commission européenne
La campagne de marketing d’influence ne s’est pas faite du jour au lendemain. « Nous avons commencé à travailler dessus en mai 2021 pour une mise en production en novembre 2021 », précise au magazine Les Gens d’Internet, Thomas Angerer, cofondateur de l’entreprise. Les 19 créateurs de contenu sollicités ont fait plusieurs réunions avec l’équipe et la Commission européenne avant de se jeter à l’eau. De la documentation et un groupe WhatsApp avec les meneurs du projet ont été mis en place s’ils avaient des questions. Pour cette campagne, il n’y avait pas besoin « d’être un expert. On voulait des citoyens belges touchés par les décisions européennes en lien avec l’écologie. Les créateurs de contenu n’étaient pas là pour expliquer, mais pour comprendre avec leur communauté ce qu’était le green deal », explique Thomas Angerer.
Car leur communauté a été plus que sollicitée. En réalité, c’était le point de départ de la collaboration. Les influenceurs, une fois un peu mieux renseignés sur le green deal et leur rôle dans la campagne, ont été invités à questionner leurs abonnés à ce sujet. L’objectif: collecter des questions de citoyens pour ensuite les transmettre à la Commission européenne. « On est allé demander aux créateurs de discuter avec leur communauté: qu’est-ce que tu comprends du green deal, qu’est-ce que tu en as retenu… Il était aussi intéressant d’avoir le point de vue de marques, d’associations ou d’ONG, tout aussi impactées par le green deal. Quelle est leur position? Le projet va-t-il trop loin ou pas assez loin? », se remémore Thomas Angerer. Une fois toutes ces interrogations réunies, les créateurs de contenu devaient les faire remonter lors d’un échange avec le Vice Président de la Commission Européenne Frans Timmermans.
Les abonnés, le coeur du partenariat
Pour que cette campagne soit une réussite, il fallait que les communautés des influenceurs jouent le jeu. « Au début, certains créateurs nous ont dit que « ok ma participation dépend de ma communauté en fait ». Il y avait un peu d’appréhension de ne pas avoir de questions ». Puis, une fois le projet lancé, tout s’est accéléré. « La campagne a été hyper bien accueillie par les créateurs et leurs communautés. Nous avons trop l’habitude de voir des collaborations qui vont dans un sens, ou la communauté est spectatrice. Leur donner se pouvoir et leur faire comprendre qu’eux aussi font partie du projet a été super à voir », se rappelle Thomas Angerer.
Ce partenariat a duré deux mois. 153 contenus ont été imaginés par les créateurs qui ont récolté 1300 questions. La Commission européenne avait tenu à ce que les critiques ou les regards négatifs soient également remontés. C’est ce qui a été fait lors d’une rencontre d’1h30 réalisée le 18 novembre 2021. Les communautés des influenceurs pouvaient suivre cette discussion via un live diffusé sur Instagram.
Le prochain partenariat avec la Commission européenne est déjà lancé
La campagne de marketing d’influence a su se démarquer grâce à la sollicitation de la communauté des influenceurs sur un sujet sérieux et qui devait être vulgarisé. « Je ne sais pas si c’est réalisable à l’infini avec tout type de marque, mais ça remet un lien communautaire dans les collaborations », se félicite Thomas Angerer. Surtout que les partenariats avec la Commission européenne vont se poursuivre pour BeInfluence. L’équipe a remporté avec d’autres agences, le budget communication de l’institution pour les 4 prochaines années. Il s’agit d’une enveloppe de 200 millions d’euros à se répartir entre les entreprises sélectionnées.
La prochaine opération est donc déjà dans les tuyaux. « En 2022, c’est l’année européenne de la jeunesse. Nous allons donc mettre en place des campagnes dans toute l’Europe et questionner les citoyens sur ce qu’est être un jeune européen, quels sont leur ambition, leur peur… La première campagne va toucher l’Europe de l’est et portera sur le droit des victimes pour sensibiliser le public à ces problèmes là », conclut Thomas Angerer. Pour développer l’ensemble de ces projets européens, BeInfluence s’est entouré de profils experts de plusieurs coins de l’Europe.
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