Les « petfluencer », quand les animaux deviennent de parfaits influenceurs

Les « petfluencer », quand les animaux deviennent de parfaits influenceurs

Influence marketing. À côtés des créateurs de contenu typiques, il est désormais possible de retrouver divers profils. Il y a les influenceurs virtuels. Imaginés à partir d’un logiciel, ils partagent sur une thématique et prennent position sur des faits d’actualité. Il y a également de plus en plus de « petfluencer ». Ce terme désigne les animaux influenceurs. Leurs maîtres trouvent un malin plaisir à partager chacun de leurs faits et gestes. À force d’être aussi présents, ils ont malgré eux attirer le regard d’annonceurs.

Ces profils sont à retrouver sur l’ensemble des plateformes: Instagram, YouTube, TikTok… Certains ont créé une véritable entreprise en monétisant l’image de leurs animaux. Croquettes, habits pour animaux, jouets, boxs… l’ensemble des entreprises liées au monde animalier semblent faire appel à leur service pour gagner en notoriété sur les réseaux sociaux. Le marketing d’influence est également une belle opportunité pour cette industrie.

 

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Dans une récente étude dévoilée par HypeAuditor, la plateforme d’analyse explique que le taux d’engagement de ces profils est largement supérieur aux autres. Pour 43,82% des petfluencers, il s’agit de compte de micro-influence qui sont suivis par plus de 60% de femmes. 44% d’entre eux sont basés aux États-Unis, même si la tendance commence à envahir la planète entière.

Pour épauler les entreprises sur cette nouvelle stratégie de communication et de marketing, des agences spécialisées ont vu le jour. En France, la plateforme « La patte de l’influence » vient tout juste d’être créée. Sa fondatrice, Alison Requier nous partage sa vision sur l’évolution de cette nouvelle tendance.

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Pouvez-vous présenter votre agence?

Alison Requier: Je viens de créer ce que je préfère appeler un studio de communication numérique. La patte de l’influence est un service de communication spécialisé dans le monde animalier. J’accompagne les petfluencers et entrepreneurs dans leur communication numérique. Dans un objectif d’économie sociale et solidaire, j’aide les associations de protection animale gratuitement. 

Pour parler davantage de la petfluence, j’ai créé une plateforme pour les petfluencers et les marques responsables. L’objectif est de sensibiliser chacune des parties au caractère responsable que doit prendre une campagne d’influence, d’autant plus lorsqu’elle inclut les animaux. L’état d’esprit de cette plateforme est formalisé dans un document accessible après inscription: « Le guide de la petfluence responsable ».

Pourquoi les profils d’animaux rencontrent-ils un véritable succès sur les réseaux sociaux, toutes plateformes confondues?

Alison Requier: Les petfluencers jouissent d’un succès fulgurant pour plusieurs raisons. Au départ, nous sommes déjà nombreux à apprécier regarder de jolies photos d’animaux.

C’est d’ailleurs pour cela que des entreprises, n’ayant aucun rapport avec les animaux, décident d’en arborer dans leurs logos ou leurs publicités. Par exemple, nous pouvons citer: Feu vert, Netto, Côte d’Or, Puma ou même Linux. La vente de services et produits via un animal ou sa représentation n’est donc pas nouvelle.

Alors, quand on sait qu’il existe un tel engouement pour les animaux, pourquoi ne pas en faire des influenceurs au même titre que ceux que l’on connait déjà? 

Pour comprendre ce phénomène, il faut reprendre les bases du marketing d’influence. Pourquoi une marque fait-elle appel à un influenceur? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un tremplin pour sa visibilité: elle profite de sa communauté, de la relation de confiance qu’a tissé l’influenceur avec celle-ci, mais aussi de l’image que s’est forgée l’influenceur. 

Prenons un influenceur connu pour son engagement pour l’environnement et qui fédère une communauté engagée qui partage ses valeurs. La marque, elle aussi éco-responsable, a plus de chances d’attirer des prospects et clients dans son cœur de cible en faisant appel à lui.

C’est pareil pour les animaux, mais avec une plus-value plus conséquente: les campagnes promotionnelles où sont mis en scène les animaux attirent davantage de monde que d’ordinaire. Tout simplement parce que différents facteurs rentrent en jeu et viennent renforcer cette valeur ajoutée: la communauté du petfluencer, les produits/services mis en avant, mais aussi l’animal en lui-même qui, même isolé du reste, attire l’attention.

Il faut bien comprendre une chose: selon une étude de Statista en 2020, environ 52% des Français déclaraient avoir un animal de compagnie et 70% considéraient leur animal comme un membre de leur famille à part entière. À partir de ces données, est-ce vraiment étonnant de voir le marché de la petfluence prendre autant d’ampleur et fonctionner aussi bien?

Comment définiriez-vous un « petfluencer »? Quelles sont ses particularités?

Alison Requier: Un petfluencer est un animal dont l’image est utilisée à des fins commerciales ou de sensibilisation sur les réseaux sociaux et blogs. 

Le petfluencer, comme son nom l’indique, est un animal domestique. Selon les préférences, il peut parler en son nom ou son maître peut parler pour lui. Des fois, c’est un hybride des deux. Il promeut des produits ou des services selon la demande, dans ses stories/publications/vidéos/articles ou à travers des concours. En retour, il perçoit une rétribution, à moins qu’il décide de travailler à titre honorifique.

L’animal influenceur n’est pas forcé de mettre en lumière une entreprise, il peut aussi profiter de son influence pour faire passer des messages et sensibiliser sa communauté sur un sujet donné.

Je tiens à attirer l’attention sur le fait qu’il est interdit de posséder un animal sauvage, de ce fait, je déconseille vivement de s’abonner à un de ces comptes qui cache bien souvent un trafic d’animaux. 

De quelles manières voyez-vous évoluer la tendance des « créateurs de contenu animal »?

Alison Requier: J’espère de la bonne manière. L’objectif à travers mes services est de cadrer ce nouveau phénomène. Il y a des dérives qu’il faut à tout prix éviter. Par exemple, lorsque l’on regarde un film à la télévision, on ne se pose pas assez les questions suivantes: l’animal a-t-il bien été traité? A-t-il été contraint de réaliser ces actions? Était-il véritablement heureux sur le tournage? Avait-il tout ce dont il avait besoin? Pour les campagnes d’influence, on doit se poser ces questions. 

Quand on comprend/voit que notre animal nous rapporte ou peut nous rapporter de l’argent, des produits ou des services les risques surviennent rapidement. Il faut pouvoir être suffisamment responsable pour mener à bien ces campagnes tout en respectant notre animal, mais aussi les valeurs du bien-être animal. Je parle des valeurs, car il existe aussi des entreprises peu scrupuleuses qui usent du greenwashing en prétendant respecter l’animal. Mais c’est du marketing, et les petfluencers ne sont pas toujours assez avisés pour s’en rendre compte.

De la même manière, les marques doivent pouvoir sélectionner le bon petfluencer pour leur campagne. Si une entreprise promeut le bien-être animal et sélectionne, par exemple, un petfluencer qui sur ses réseaux fait la promotion de fourrure animale, les conséquences peuvent être énormes et à l’origine d’un bad buzz très dommageable.

Alors oui, selon moi cette tendance va continuer à prendre du terrain, mais c’est mon objectif de tout faire pour qu’elle ne s’écarte pas du droit chemin: la conscience du droit et du respect de l’animal.

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