L’histoire de l’interdiction de TikTok aux États-Unis

L’histoire de l’interdiction de TikTok aux États-Unis

TikTok. Depuis maintenant plus de 4 ans, TikTok vit avec une menace au-dessus de sa tête aux États-Unis. Le gouvernement américain a demandé à l’application de céder ses activités sur le territoire a une entreprise locale. Si ByteDance, la maison-mère chinoise de TikTok refuse, le réseau social sera interdit d’utilisation. La date butoir pour parvenir à une solution a été fixée pour le mois de janvier 2025. Les créateurs, les entreprises et les utilisateurs plus lambdas basés aux États-Unis, attendent donc de savoir ce que la plateforme va bien pouvoir devenir.

Comment les Américains en sont-ils venus à vouloir interdire TikTok? Quelles ont été les étapes de ce projet? Que faut-il en retenir à date? Pour mieux comprendre ces 4 dernières années, et la guerre livrée contre TikTok, nous vous proposons de revenir sur les grands moments clés de l’application, et des décisions prises pour mener à son interdiction.

Le début de la controverse TikTok, dès 2019

TikTok apparaît sur le sol américain, tout comme en Europe, en 2016. Cette année-là, ByteDance rachète Musical.ly, une application de lipsync et de danse, notamment utilisée par de jeunes adolescents. La plateforme connaît alors une mutation, et surtout un algorithme bien plus rôdé, permettant à des comptes de grandir en l’espace de quelques jours. La forte utilisation de ce réseau social par des Américains n’est pas vu d’un très bon oeil par les autorités. Le premier doute qui va être semé dans les esprits, va venir du Washington Post. En septembre 2019, le journal publie un article dans lequel, le journaliste avance de potentiels liens entre TikTok et le gouvernement chinois. Le papier est ainsi titré « Les racines pékinoises de TikTok alimentent les soupçons de censure alors que l’entreprise connaît une forte audience aux États-Unis« .

Puis arrive la pandémie, début 2020. TikTok explose. Selon des chiffres publiés par Sensor Tower en avril 2020, le réseau social enregistre 2 milliards de téléchargements, soit 1 milliard de plus que 12 mois auparavant. Au premier trimestre de l’année, TikTok devient l’application la plus téléchargée, devant des jeux vidéo. Elle réunit à ce moment-là 315 millions d’installations sur l’App Store et Google Pay, contre près de 200 millions, le trimestre précédent.

Face à cet engouement pour ce nouvel outil, les régulateurs et les législateurs américains décident de regarder de plus près ce qu’il se passe sur l’application. Durant l’été 2020, deux sénateurs prennent le sujet à bras le corps. Face au potentiel espionnage de la Chine via TikTok, Josh Hawley (Missouri) et Rick Scott (Floride) décident de déposer une proposition de loi, baptisée « No TikTok on Government Devices Act » (« interdiction de TikTok sur les appareils gouvernementaux »). Ils cherchent à interdire le téléchargement de l’application sur les outils de travail, notamment les téléphones professionnels, des personnes évoluant au département de la sécurité intérieure, au département de la défense et à l’administration de la sécurité des transports. « L’utilisation d’applications comme TikTok par des employés fédéraux sur des appareils gouvernementaux constitue un risque pour nos réseaux et une menace pour notre sécurité nationale », confie alors Rick Scott à la presse.

En 2020, l’envie pressante d’interdire TikTok

Pour tenter de calmer la situation, TikTok démarre une communication de crise. L’application ouvre un « centre de transparence » en Californie pour donner aux experts un aperçu de la manière dont l’entreprise aborde la modération des contenus, la confidentialité des données et d’autres questions liées.

Mais cette action ne semble pas refroidir la peur de voir la Chine surveiller ce qu’il se passe sur le sol américain. En août 2020, Donald Trump multiplie les prises de parole sur l’interdiction de TikTok. Il déclare une première fois qu’il a l’intention de faire interdire l’application aux États-Unis. Il signe alors un décret, précisant que dans les 45 jours suivants, aucune entreprise américaine ou citoyen américain n’auront plus le droit de procéder à des opérations commerciales avec le réseau social. Des précisions doivent cependant être apportées pour mieux comprendre comment la situation va se dérouler.

Au même moment, l’Inde décide d’interdire une cinquantaine d’applications sur son territoire. Parmi elles, il est possible de retrouver TikTok. La situation affole quelques utilisateurs américains, notamment des créateurs qui gagnent de l’argent via cet outil. Durant l’été, ils décident de mener une action. Un hashtag est alors créé, le #SaveTikTok où leur communauté est encouragée à publier un maximum de contenus. Une pétition est également mise en ligne, mais ne rencontre pas un franc succès, car elle culmine à 700 signatures.

Face à cette situation, Microsoft entre dans le jeu. L’entreprise annonce vouloir racheter la branche américaine de TikTok, en août 2020, comme précisé dans ce communiqué de presse. Les discussions sont entamées et un marché doit être conclu à la mi-septembre. La proposition est refusée par ByteDance. Pour se défendre, et éviter l’interdiction, TikTok a déposé un recours le 18 septembre 2020.

Le 27 septembre 2020, un juge américain décide de maintenir l’accès à l’application aux États-Unis. Les utilisateurs peuvent donc continuer à la télécharger et à s’en servir. En parallèle, Walmart et Oracle, deux entreprises américaines, s’étaient associées pour racheter en majorité le réseau social. L’idée était de créer une nouvelle entité, baptisée TikTok Global. Un projet qui n’a pas abouti.

En fin d’année 2020, TikTok et l’administration Trump se battent chacun de leurs côtés pour faire ou non interdire la plateforme. Finalement à la fin de l’année, d’après des informations dévoilées par Bloomberg, le ban de TikTok aux États-Unis n’aura pas lieu.

Une mauvais nouvelle pour TikTok en 2022

À la suite de ce règlement de compte devant la justice, TikTok est laissé un peu tranquille durant un temps. Mais en juin 2022, un nouvel article de presse va remettre une pièce dans la machine. BuzzFeed publie une enquête. Le site explique que des employés de ByteDance, basés en Chine, ont accédé à plusieurs reprises, à des informations non publiques sur des utilisateurs américains. Pour preuve, plus de 80 réunions internes ont été partagés aux journalistes. Pour se défendre, TikTok publie un communiqué de presse où l’équipe explique avoir migré les données de ses utilisateurs vers des serveurs américains gérés par l’entreprise américaine Oracle.

En décembre 2022, Le directeur du FBI, Chris Wrap partage ses préoccupations en matière de sécurité concernant TikTok. Il assure que l’algorithme de la plateforme peut être manipulé, pour mener à des opérations d’influence. Plusieurs mois plus tard, en mars 2023, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew est appelé à témoigner devant le Congrès américain. Il a été auditionné durant près de 5h. À ce moment-là, la plateforme met en avant sa forte présence sur le territoire, à savoir 5 millions d’entreprises et 150 millions d’Américains. De leurs côtés, les Démocrates et les Républicains s’unissent. Les deux camps sont certains que le Parti communiste chinois se sert de TikTok à des fins d’espionnage et de manipulation. Pour se défendre, Shou Zi Chew a avancé le Projet Texas, un lieu aux États-Unis où seront stockées l’ensemble des données.

Sa prise de parole n’a pas réellement convaincu, si bien qu’à la suite de l’audition, plusieurs propositions de loi ont été déposées pour interdire l’application. Il faudra attendre mars 2024 pour que l’une de ces propositions soit réellement discutée au Congrès. Pour éviter qu’une nouvelle fois, l’application se retrouve menacée d’interdiction, plusieurs créateurs de contenu ont été sollicités pour réaliser du lobbying auprès des politiques. Malgré tout, la Chambre des représentants adopte le projet de loi sur l’interdiction ou la vente de TikTok. En avril, la loi est adoptée par le Sénat et signé par le prédisent, Joe Biden. ByteDance est donc contraint de vendre sa branche américaine, a une entreprise locale, avant janvier 2025, sous peine d’interdiction du territoire.

Le mois suivant, en mai, TikTok et sa société mère chinoise ByteDance intentent un procès au gouvernement fédéral américain pour contester. Une cour d’appel va rejeter le recours du réseau social. À la mi-janvier, le réseau social ne sait pas encore ce qu’il va devenir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *