« Nos utilisateurs sont très créatifs pour essayer de contourner les règles », reconnaît une représentante de TikTok

TikTok. Ce jeudi 12 juin 2025, les auditions sont nombreuses à l’Assemblée nationale pour comprendre l’impact psychologique de TikTok sur les mineurs. Les entretiens ont commencé avec Mehdi Meghzifene et Arnaud Cabanis, deux représentants de TikTok France, pour qu’Arthur Delaporte et son équipe de députés puissent comprendre comment fonctionne la publicité, ainsi que TikTok Shop.
Après leur prise de parole, c’est au tour de trois autres représentants du réseau social d’éclairer les députés sur le fonctionnement de la modération, et notamment sur le fonctionnement des lives, une pratique assez controversée sur la plateforme. Pendant plus de 2 heures, nous avons pu entendre les explications de Nicky Soo, responsable de la digital safety, Brie Pegum, responsable des aspects techniques de la régulation et de Vincent Mogniat-Duclos, responsable France, Tiktok Live.
Pour la commission d’enquête, les propos des représentants sont « en total décalage avec la réalité sur TikTok »
En ce qui concerne la modération des contenus sur TikTok, Brie Pegum est formelle, « 100% des contenus sont modérés ». Il s’agit d’une équipe indépendante composée de 509 modérateurs français qui opèrent au Portugal et aux Philippines. Ils sont eux-mêmes formés aux règles du réseau social, et ils bénéficient d’un accompagnement, car ils sont exposés à des contenus sensibles. Sur TikTok, les équipes utilisent une série de signaux qui leur permettent de classer les vidéos, comme le nombre de likes, de commentaires, ou encore en essayant de comprendre pourquoi tel ou tel contenu a été visionné en entier.
« Nos utilisateurs sont très créatifs pour essayer de contourner les règles, mais c’est notre responsabilité d’anticiper ces contournements », reconnaît Brie Pegum. Sa collègue, Nicky Soo, affirme que certaines catégories de contenu, comme le sport, possède un modèle de « dispersion ». C’est-à-dire que ce système va empêcher les vidéos d’apparaître trop souvent dans le fil d’actualité des utilisateurs, « même s’ils respectent nos CGU. C’est pour éviter une trop grande concentration », ajoute Nicky Soo. Dans leur politique de modération, les équipes de TikTok ont tendance à sensibiliser les utilisateurs qui publient du contenu problématique, sauf quand les images concernent un discours haineux, ou de la pédopornographie où la tolérance 0 est appliquée. Lors de l’audition, les deux représentantes restent souvent silencieuses, ou sans réponse. « Ce que vous nous exposez est en total décalage avec la réalité sur TikTok », appuie la rapporteure Laure Miller.
En ce qui concerne les lives TikTok, Vincent Mogniat-Duclos rappelle que les mineurs ne peuvent pas lancer de live, et qu’ils ne peuvent pas acheter des pièces pour faire des cadeaux à d’autres créateurs de contenu. C’est un fait qui est largement contesté par le président de la commission d’enquête, Arthur Delaporte, qui affirme qu’il est très facile pour un mineur de mentir sur son âge.
Vincent Mogniat-Duclos se défend et explique que les agences TikTok Live sont rémunérées par le réseau social, et qu’elles possèdent un « health score ». Lorsqu’elles se lancent avec un créateur, elles possèdent 100 points. Ce chiffre peut baisser en cas de non-respect des CGU, et elles peuvent même recevoir des sanctions financières. En ce qui concerne le caractère addictif des lives décrit par Arthur Delaporte, il insiste: « on ne peut pas être pris dans l’engouement d’un live, et dépenser sans compter », notamment avec le faible coût de certains cadeaux qui coûtent entre 1 et 40.000 pièces, ce qui équivaut à environ 2 centimes à plus de 700 euros. Vincent Mogniat-Duclos assure que la plupart des donateurs sur les lives ont entre 25 et 49 ans.
Les discussions se poursuivent ces prochains jours pour continuer à savoir plus sur TikTok.