Le clipping, le nouveau fléau des créateurs de contenu

Le clipping, le nouveau fléau des créateurs de contenu

Créateurs. En ce début d’année, la créatrice de contenu spécialisée dans la food, Zoé no Gluten s’apprête à ouvrir sa chaîne YouTube. Elle souhaite y poster ses vidéos, mais également un futur projet. Le souci, c’est qu’elle ne peut pas utiliser son pseudo sur ce réseaux social, car il est déjà utilisé. Et pire que ça, la personne qui se fait passer pour elle reposte toutes ses vidéos sur une chaîne qui culmine aujourd’hui à plus de 11.000 abonnés. « Il y a une personne qui vole toutes mes vidéos et se les approprie en se faisant passer pour moi […] Je te conseille fortement de supprimer la chaîne avant que j’aille plus loin », confie, le 23 janvier, la créatrice à ses abonnés sur Instagram.

Se faire usurper son identité lorsque l’on est créateur de contenu est malheureusement monnaie courante. En plus de ce souci, ces derniers mois, on voit une nouvelle pratique pointer le bout de son nez. C’est le clipping, c’est-à-dire le fait de créer de courtes vidéos à partir de contenus issus de YouTubeurs ou de streamers. « Grâce à ces clips vidéos, j’ai pu regarder les moments les plus importants de Stream For Humanity, le live organisé par Amine, sur TikTok », confie fièrement au Gens d’Internet, l’une de nos lectrices. Le souci que ça pose, c’est que ce ne sont pas les contenus originaux, que des utilisateurs s’octroient le droit de reprendre des images qui ne leur appartiennent pas et que parfois, ils arrivent à les monétiser.

« Il y a plus d’une centaine de vidéos qui ont été reprises »

En France, ce phénomène est en train de faire grincer des dents plusieurs acteurs de l’industrie. À commencer par Mélissa Berri, agente de Zoé no Gluten. « Toutes les vidéos publiées en Reels par Zoé No Gluten ont été reprises sur une chaîne YouTube qui ne lui appartient pas et qui peut permettre à ce profil d’être monétisé. Ce sont des contenus qui peuvent atteindre les 250.000 vues. Il y a plus d’une centaine de vidéos qui ont été republiées », précise-t-elle au Gens d’Internet. Une situation qui trompe également la communauté de la créatrice, pensant que c’est elle qui repartage ses contenus sur YouTube. Le manque à gagner est à la fois financier, mais concerne aussi l’image du talent, puisque quelqu’un se fait passer pour elle. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la chaîne a changé de nom, mais n’a pas supprimé les vidéos.

Cette situation concerne de plus en plus de créateurs. TikTok concentre de nombreux clippers qui aliment des comptes avec des images appartenant aux créateurs. Jimmy Hassa, cofondateur de l’agence Nouvel Arc, a aussi pris la parole à ce sujet, en ce début d’année, sur LinkedIn. « Quand un utilisateur consomme ce type de contenu et laisse un like, cela représente un like perdu pour le véritable créateur. Cette pratique fausse les statistiques et pénalise les créateurs originaux, ce qui constitue un réel enjeu », écrit-il. « Cette pratique, qui ne date pas d’hier, s’apparente clairement à un vol de propriété intellectuelle, et cela touche la majorité des créateurs avec qui nous travaillons. Ce fonctionnement soulève donc des enjeux majeurs liés à l’image et à la propriété intellectuelle. Il est crucial que TikTok prenne des mesures pour réguler cette situation, car elle est nuisible à la fois pour les créateurs et pour la plateforme elle-même », conclut-il.

Des créateurs qui poussent au clipping

Si des utilisateurs sont poussés à devenir des clippers, c’est parce que les images de créateurs amènent des likes, des commentaires et des vues. Certains arrivent d’ailleurs à monétiser ce type de contenus. Si des créateurs se sentent lésés, d’autres acceptent de voir des clips vidéo de leurs contenus êtres partagés. En décembre 2024, les YouTubeurs ByIlhann et Flamby encourageaient leur communauté à le faire. Lors d’un événement organisé par Webedia, ils expliquaient alors que « les gens qui utilisent notre contenu, nous font un peu de publicité, sans que l’on ne demande rien en contrepartie ». ByIlhann poursuit: » tout le monde peut profiter de nos contenus. S’ils veulent se faire de l’argent, ils en font. Au final, c’est aussi bénéfique pour nous parce que ça nous rapporte de la visibilité ».

@gensdinternet @byilhann et @flambyyy_ aiment les reprises de contenu faites par leurs abonnés sur les réseaux sociaux 👀 #flamby #byilhann #byilhanntwitch #socialmedia #pourtoi #CapCut ♬ son original – Gens d’Internet

D’autres créateurs, comme Le Motif, poussent les communautés à créer des clips, mais d’une manière plus contrôlée. En janvier, le YouTubeur a créé une plateforme de clipping où il invite les créateurs à demander à leurs abonnés de créer de courtes vidéos à partir de certains de leurs contenus. Ceux ayant réuni le plus de vues se voient monétisés par le créateur. « Avec clip.farm, je veux construire le monde où le clipping est accessible à tous les créateurs, peu importe la taille de sa communauté », confiait au lancement, Le Motif sur Instagram.

Ce phénomène de clipping doit-il être contrôlé? Comment les créateurs peuvent-ils garder la main sur leur contenu? En 2025, l’industrie fait face à une nouvelle évolution à encadrer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *