Cet agri-YouTubeur nous explique pourquoi les agriculteurs en colère s’expriment sur les réseaux sociaux
Social media. C’est l’actualité de ces derniers jours. Si vous suivez les chaînes d’information ou que vous vous informez par le biais des réseaux sociaux, vous avez connaissance de la colère des agriculteurs. Depuis la fin du mois de janvier, dans toute l’Europe, des manifestations ont éclaté et les tracteurs sont de sortis sur les routes, pour bloquer et faire entendre la voix de leur propriétaire. La profession manifeste contre la hausse des coûts de production et les contraintes environnementales qui ne cessent d’évoluer. À l’heure actuelle en France, plusieurs autoroutes sont bloquées par les agriculteurs, qui ont quitté leurs zones rurales pour se rendre à Paris, dans le but de faire entendre leur mécontentement.
Au cœur de cette manifestation nationale, Alexandre Richard, agriculteur céréalier basé à Châteauroux, dans le département de l’Indre, se distingue par sa présence active sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, Instagram et YouTube, où il partage sa passion et son quotidien depuis six ans. Nous lui avons posé quelques questions afin de mieux comprendre pourquoi les agriculteurs utilisent aussi fortement les applications dans le cadre des manifestations agricoles.
Les réseaux sociaux, le relai parfait pour partager la colère des agriculteurs
En plus de partager son quotidien sur les différents réseaux sociaux, Alexandre Richard s’en sert également pour sensibiliser le public sur la situation actuelle en France. Le téléphone à la main, il prend la parole depuis plusieurs jours sur Instagram, à travers des contenus où il explique les raisons de ces manifestations. Sa communauté le voit en direct de l’autoroute A11, avec plusieurs tracteurs, dont le sien, arborant des pancartes où on peut lire « les importations toxiques nous tuent et nous empoisonnent » ou encore « l’État veut notre mort ». « Certes, nous bloquons les autoroutes, mais elles restent accessibles », nous assure Alexandre Richard. Le but des agriculteurs n’est pas de paralyser le pays, mais de faire entendre leurs revendications.
Pour Les Gens d’Internet, l’agriculteur témoigne de la puissance de la mobilisation qu’il observe sur les réseaux sociaux. « Je manifeste depuis jeudi 25 janvier. Je poste des photos de cortèges, je fais des petites vidéos. On arrive, pour certains contenus, à plus de 70.000 likes et 8000 commentaires. L’intérêt est de partager ce que je vis en tant qu’agriculteur manifestant aujourd’hui, auprès du monde entier, car je reçois des messages de Pologne, du Canada, de la Suisse, du Portugal, d’autres agriculteurs qui manifestent eux aussi en Europe. » Dans les commentaires, les utilisateurs envoient des messages d’encouragements et de soutien, ce qui le pousse à continuer la protestation.
Alexandre Richard souligne l’importance de l’interaction sur les différentes plateformes, en précisant le soutien massif que les agriculteurs reçoivent sous leurs publications. « On connaît le désarroi du monde agricole depuis des années et là on arrive à un point de rupture totale. On veut montrer aux gens qu’il y a beaucoup d’agriculteurs qui arrêtent, se suicident ou qui ne se rémunèrent pas. L’intérêt est d’expliquer la situation. »
Cette mobilisation revendique des points bien précis. L’agriculteur explique en avoir assez de voir une inégalité au niveau des réglementations en Europe. « On a des problématiques de normes. Ce n’est pas normal d’avoir des normes plus basses que les nôtres lorsqu’on importe des produits européens. Au niveau de l’importation en Europe, il faudrait faire en sorte que les normes soient les mêmes. En France, on est les premiers élèves sur ce point donc nous n’avons plus de compétitivité en face, le match n’est plus égal », explique Alexandre Richard.
Les Agri-Youtubeurs, un milieu qui commence « à s’ouvrir et à se généraliser »
Depuis plusieurs années, de plus en plus d’agriculteurs se mettent à filmer leurs quotidiens dans leurs champs ou bien dans leurs fermes. Selon Alexandre Richard, cette représentation joue un rôle crucial dans la communication et la sensibilisation effectuée auprès du grand public. « On nous appelle les « Agri-Youtubeurs ». C’est un milieu qui commence à s’ouvrir et à se généraliser. On se rend compte dans les commentaires que les gens nous soutiennent. Ils sont bienveillants, on a l’impression de retrouver cette France rurale que l’on a perdu il y a des décennies », explique Alexandre Richard.
Au-delà de la dénonciation des difficultés économiques, Alexandre Richard souhaite montrer au public que l’agriculture moderne est loin des stéréotypes passés. « L’agriculture est un métier assez dur, avec toute une technologie mise en place. Les gens doivent voir qu’il y a une vraie écologie derrière notre travail. En France, on est l’un des pays les plus propres du monde, tant en termes de qualité de production de produits que d’engrais car tout est régulé. On veut montrer pourquoi on fait ça, pour que les gens comprennent pourquoi on travaille de cette façon et qu’ils puissent voir ce qu’il se passe en France. C’est ce que je fais sur mes réseaux sociaux », explique l’agriculteur.
Ce que souhaitent les agriculteurs en France, c’est de pouvoir être capable de se rémunérer à la hauteur du travail fourni, surtout au niveau des taxes qu’ils rencontrent au niveau de l’importation en Europe. En parlant sur les réseaux sociaux, ils maîtrisent leur communication et peuvent expliquer pourquoi ils sont en colère.
Ces normes sont en train de les tuer ! Et ce ne sont pas les seuls : entrepreneurs, freelance, propriétaires, bailleurs, tout le monde en quelque sorte !