TikTok au Sénat: d’après Marlène Masure « TiKTok est l’une des plateformes qui collecte le moins de données »
TikTok. Depuis le lundi 13 mars, la commission d’enquête au Sénat concernant TikTok a débuté. L’objectif est de comprendre comment l’application fonctionne, où vont ses données et quelle est la stratégie d’influence la concernant. Pour mener à bien ce travail, un Bureau a été constitué d’une douzaine de sénateurs. Mickaël Vallet, sénateur socialiste de Charente-Maritime, dirige les discussions. Il est accompagné de Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, en tant que rapporteur. Ils sont entourés d’une dizaine de vice-présidentes et vice-présidents présents lors des échanges avec les spécialistes.
« L’actualité aux États-Unis, au Canada, et en Europe, confortent notre initiative au Sénat. Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données. La commission d’enquête permettra de faire toute la lumière sur ces questions et fera des recommandations », indique Claude Malhuret sur le site du Sénat.
Les auditions de la commission d’enquête sont diffusées en direct et sont disponibles en replay sur YouTube. Nous avons pris le temps de les regarder en intégralité pour vous faire un résumé de ce qu’il s’est dit. Le jeudi 8 juin, c’est TikTok France qui a été entendu. Après avoir reçu Eric Garandeau, directeur des affaires publiques de TikTok France, c’était au tour de Marlène Masure, directrice générale des opérations France, Benelux et Europe du Sud de TikTok depuis mars 2022, de répondre aux questions.
Quel est le rôle de Marlène Masure au sein de TikTok France ?
Pour débuter cette nouvelle audition, les sénateurs ont tenu à mieux comprendre le rôle de Marlène Masure au sein de TikTok et pourquoi elle a choisi d’intégrer l’entreprise. Avant cette aventure professionnelle, elle a passé une douzaine d’années au service communication et marketing de Disneyland Paris puis à rejoint l’équipe des JO 2024 à la direction commerciale. « Ce qui m’a conduit chez TikTok, c’est le souhait de retrouver le secteur des médias, du divertissement et de participer au développement de la plateforme en France », précise-t-elle. « La raison pour laquelle j’ai souhaité rejoindre le projet, c’est parce que j’avais le sentiment que ce produit était complètement visionnaire », rajoute-t-elle de longues minutes ensuite.
Au sein de TikTok, son rôle est bien différent de celui d’Eric Garandeau, chargé lui des partenariats avec des entreprises publiques. De son côté, Marlène Masure s’occupe de « faire grandir l’écosystème sur le marché français, et sur les autres marchés dont j’ai aussi la responsabilité. J’accompagne un certain nombre de créateurs, de personnalités publiques et de marques à prendre la parole sur la plateforme. On va leur partager les bonnes pratiques, leur donner un certain nombre de conseils en matière de durée des vidéos, de fréquence des publications, à quel moment prendre la parole, quelle stratégie éditoriale adoptée, tout en leur laissant la liberté de faire. »
Comme pour son collègue, son supérieur est basé à Londres. TikTok UK est l’un des actionnaires de TikTok France. L’équipe anglaise « élabore nos stratégies commerciales, marketing, etc. La France opère comme un prestataire de services pour TikTok UK, c’est-à-dire que l’on est rémunéré par TikTok UK pour ce travail qui est apporté », poursuit-elle.
Son objectif actuellement, ainsi que celui de toute l’entreprise encore dans une phase de croissance, est « de nous assurer qu’on a les meilleurs contenus possibles, les contenus les plus qualitatifs possibles. L’enjeu du programme pour la création est de rémunérer des créateurs qui ont déjà une certaine communauté, de les rémunérer car ils font du contenu que l’on qualifie long. On encourage la création de contenus long, car c’est ce qui génère de l’engagement sur la plateforme et des vues qualitatives. »
Quand TikTok France assure être en règle
Après avoir fait les présentations et détaillé davantage sa fiche de poste, Marlène Masure a été questionnée sur un grand nombre de sujets. Les mineurs, l’addiction à la plateformes, les algorithmes ou encore la collecte des données. Pour chacune de ces interrogations, la directrice générale des opérations France, Benelux et Europe du Sud, a toujours répondu de manière positive, avec parfois un retour assez surprenant. « Quand on se rend sur les stores, Google Play ou Apple Store, vous avez la possibilité de voir quelles sont les données collectées par chaque plateforme. C’est intéressant de regarder parce que TiKTok est l’une des plateformes qui collecte le moins de données », indique-t-elle. Depuis le début des auditions, les experts communiquent l’inverse.
Posture similaire en ce qui concerne les relations avec la SACEM, la SACD et les autres organismes de droits d’auteur. À sa connaissance, les discussions ont bien avancé et TikTok France se met dans le droit chemin. Il y a plusieurs semaines, face aux sénateurs, Pascal Rogard, directeur général, et Patrick Raude, secrétaire général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) argumentaient tout l’inverse.
Côté relation avec la Chine, Marlène Masure ne voit pas le problème. « Il y a probablement des salariés, des collaborateurs en Chine comme la plupart des grandes entreprises internationales ont des collaborateurs en Chine. […] Je ne trouve pas ça personnellement choquant d’avoir des ingénieurs d’origine chinoise dans l’entreprise », confie-t-elle. Toutes ces problématiques soulevées au cours des auditions précédentes ont été balayées d’un revers de la main. La directrice donne en façade, l’impression que tout va bien.