Squeezie, ZeratoR… Pourquoi des créateurs de contenu se lancent-ils dans l’esport?
Esport. Le secteur du jeu vidéo ne s’est jamais aussi bien porté que ces dernières années, depuis le confinement. Selon des données collectées par la DFC Intelligence, une société d’étude stratégique spécialisée dans les jeux vidéo, il y aurait plus de 3,2 milliards de joueurs dans le monde. Ce qui représente un peu plus de 40% de la population. Longtemps attribué au monde des geeks, jouer est devenu une habitude pour un grand nombre de personnes, pour se détendre et se déconnecter de sa journée. Sur les réseaux sociaux, cette thématique a toujours eu une belle place.
D’abord sur YouTube avec des vidéos où les créateurs filmaient des extraits de leur meilleure performance. Puis, maintenant en grande partie sur Twitch, où l’on passe des heures en train de faire une session sur League of Legend ou sur Call Off Duty. Les streamers gagnent de plus en plus en popularité, réunissant des millions d’abonnés sur leur compte. Dernier exemple en date qui montre l’importance de cette communauté: l’arrivée de Michou sur Twitch qui, en une soirée, a réuni plus d’un million de personnes sur son profil. Mais ça n’est pas tout. Squeezie a décidé de se lancer dans l’esport en cofondant une équipe avec Gotaga et Brawks.
Des équipes d’esport plus que présentes
Le secteur du gaming s’est d’abord professionnalisé au-delà de ces créateurs de contenu, avec des équipes de joueurs professionnels. En France, l’arrivée des première team esport se situe autour des années 2000, mais les plus récentes restent les plus connues. Parmi elles, on peut retrouver Vitality lancée en 2013 ou encore Solary fondée en 2017. Au sein de ces équipes, des profils assez populaires y ont évolué comme Gotaga, devenu aujourd’hui l’un des streamers les plus influents en France. « Par la suite, d’autres équipes se sont constituées, comme la Karmine Corp, Aegis, Mandatory ou plus récemment Gentle Mates », indique au site Les Gens d’Internet, Thomas Mongin responsable communication chez Via Storia, manager et agent de créateurs de contenus.
L’ensemble de ces nouvelles équipes ont un point en commun: elles sont constituées de créateurs de contenu. Squeezie (Gentle Mates) ou encore ZeratoR (Mandatory) sont les deux plus récents à avoir décidé de se lancer dans l’aventure esport. « Je ne les voyais pas dans ce domaine. En plus des streamers très compétitifs, des créateurs de contenu plus généralistes s’intéressent à cette thématique », poursuit Thomas Mongin. Ils ont cependant des profils similaires. « Ce sont tous les deux des créateurs qui ont commencé par des contenus autour des jeux vidéo et qui en font toujours », poursuit-il. Mais pourquoi avoir eu envie d’aller un peu plus loin dans leur passion pour ce divertissement?
Pourquoi se lancer dans le secteur de l’esport?
La première réponse est simple: imaginer un tel projet est un rêve pour de nombreux streamers. ZeratoR expliquait au moment du lancement de son équipe, que « personnellement je regarde peu d’esport, mais j’en fais depuis tout petit. J’ai commencé à faire des LANS sur CS dans les années 2000/2005 et j’ai continué d’en faire avec le streaming, que ce soit sur LoL, Trackmania ou même Fortnite (si, si !). Donc réussir à accompagner des gens qui se lancent là dedans, ça me trotte depuis un bon petit bout de temps. »
Ce qui les a aidés et poussés à se lancer est la diversité des jeux proposés. Dans le secteur de l’esport en France, tous n’ont pas encore leur propre équipe dédiée pour aller affronter celles étrangères. C’est par exemple ce qu’il s’est passé avec ZeratoR. « Il est tombé amoureux de Valorant, jeu qu’il a pu tester en avant-première. Dans le monde, il y avait déjà des joueurs professionnels, ce qui n’était pas le cas chez nous », explique Thomas Mongin. Le streamer a donc sauté sur l’occasion pour imaginer la première team française autour de ce jeu afin de participer aux différentes compétitions existantes.
Du côté de Gentle Mates, l’idée pour Squeezie serait avant tout de se diversifier. S’il n’est pas seul à la tête de ce nouveau projet, Gotaga et Brawks sont les deux autres fondateurs, ça peut paraître surprenant de voir un créateur de contenu davantage accès sur le divertissement, s’investir dans ce domaine. Pour le YouTubeur, cette nouvelle aventure peut être un moyen de diversifier un maximum ses revenus. Car les marques semblent bien s’intéresser à ces projets, surtout quand elles voient les communautés engagées qui soutiennent chacun de ces joueurs.
Si Gentles Mates en est à ses débuts, l’équipe compte déjà plusieurs sponsors dont Aldi. L’enseigne sponsorise plusieurs autres teams afin de toucher davantage les jeunes. Un moyen pour l’esport français de se développer. D’autres entreprises choisissent une stratégie bien différente, à l’image de Chupa Chups qui ne s’engage qu’auprès de la Karmine Corp. Un moyen pour elle de fidéliser une certaine audience et d’animer une communauté soudée. Comme Aldi, la marque de sucreries a ouvert un compte dédié au gaming sur les réseaux sociaux pour ne partager qu’à ce sujet.
Il est tout beau tout chaud, c’est le nouveau planning ALDI Esport de la semaine ! 🙌
➡ Finale Hex League avec @Voltariuxwow et @XperionTFT
➡ eLigue1 FIFA23 @LOSC_eSports 🆚 @MHSCEsport
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L’esport en France, un secteur encore à construire
Si les sponsors sont présents, le secteur de l’esport en France n’en est qu’à ses débuts. « Le marché explose un peu partout. Il y a plus de compétitions, plus de cashprice », précise Thomas Mongin avant de poursuivre. « Il y a une dizaine d’années, l’équipe suédoise, les NIP (Ninjas In Pyjamas), avait eu leur burger chez Mcdo à leur effigie. Les joueurs ont également été invités dans une émission qui ressemble à Fort Boyard chez nous. » En France, les professionnels de l’esport sont bien loin d’avoir une aussi grande notoriété. Est-ce que ça pourrait être amené à changer?
Pour Thomas Mongin, la réponse est oui. En juin 2022, l’Elysée réalisait une « réception en l’honneur de l’esport français », la veille d’une compétition, la Trackmania Cup. L’occasion pour Emmanuel Macron d’annoncer « une nouvelle ère. C’est celle où on va essayer ensemble, pas simplement de vous connaître mais j’ai été interpellé et j’ai entendu, à vous aider à structurer, à avancer et à continuer à progresser à l’occasion justement de l’organisation de la Trackmania Cup. » Le Président a promis d’organiser de prochaines rencontres internationales en France et à aider les professionnels de l’esport français à se développer. « L’objectif, c’est qu’on arrive, entre aujourd’hui et 2024, à se battre pour avoir ces grands événements internationaux et les tenir dans notre pays et réussir la mobilisation sur laquelle vous allez dès demain repartir et montrer la puissance d’attraction à la fois sur site et de toutes celles et ceux qui vous suivent. »
Avec des créateurs de contenu un peu plus mainstream comme Squeezie ,qui vulgarisent un maximum ce nouveau terrain de jeu, les actions politiques menées pour imaginer de grandes compétitions, l’esport en France va peu à peu évoluer.