Les YouTubeurs parlent d’opérations sponsorisées de manière décomplexée. Est-ce un problème?
YouTube. Le 20 octobre dernier, Mcfly et Carlito reviennent sur YouTube avec un nouveau concept de vidéo. Accompagnés d’Amixem et de Joyca, les YouTubeurs se sont affrontés dans une « bataille des opés ». Le concept? Réunir en quelques heures le plus de dotations produits de la part de marques. Pour ce faire, ils ont passé la journée à se filmer en train de solliciter des entreprises pour qu’elles leur offrent des cadeaux. En échange, ils leur proposaient une visibilité sur les réseaux sociaux et via la vidéo qu’ils tournaient en même temps. Le duo gagnant est celui qui a rassemblé la plus grosse cagnotte.
Avec ces contenus, ces vidéastes participent à décomplexer leur audience vis-à-vis des partenariats. Mcfly et Carlito n’ont d’ailleurs n’a pas hésité à faire figurer au sein de ce tournage une autre collaboration mise en place avec OnePlus. Du sponsorisé dans du sponsorisé en quelques sortes qui ne semble aucunement les gêner. Et est-ce que ça n’est pas mieux comme ça?
Sur Twitter, certains ont félicité les YouTubeurs d’être aussi transparents sur l’aspect caché des opérations sponsorisées. Il montre la partie où la personne négocie en quelques sortes les conditions du partenariat. D’autres ont été mal à l’aise de voir à quel point il est aujourd’hui normal pour un créateur de contenu de contacter des marques pour présenter un de leur produit. Ils ont peur de voir YouTube devenir un espace publicitaire comme la télévision et que les vidéos soient plus formelles. Mais les YouTubeurs sont là pour les rassurer. Pour prouver que les contenus sponsorisés aident les vidéastes à vivre sans accepter pour autant n’importe quoi, le YouTubeur VodK, Valentin de son vrai prénom, c’est lui aussi exprimé sur le sujet.
Les marques ont compris que c’est en apparaissant comme « potes » des créateurs qu’ils font leur meilleure pub. Je trouve ça assez positif, les marques ont leur visibilité, les YouTubeurs leur argent et le contenu est au final moins altéré qu’avec ces pubs semi dissimulées
— Antoine (@tonio00o) October 20, 2019
C'est quand même intéressant de séparer le contenue original des contenue publicitaire plutôt que de faire juste du contenu publicitaire originale. J'espère que la finalité d'être créateurs c'est pas de devenir un panneau publicitaire avec des cut et des zoom.
— Valentin – Stupid Economics (@Valentin_Stup) October 21, 2019
J'ai vraiment de plus en plus de problèmes avec ce genre de concept de vidéos, qui glorifient le statut des influenceurs et orientent tout le contenu sur le fait de se faire de la thune.
En voyant la vidéo, j'ai un peu vomi dans ma bouche, donc go thread "remontée acide" ⬇️⬇️⬇️ pic.twitter.com/d12cPD31fi
— Jean-Baptiste Siraudin (@scinema_x) October 20, 2019
Je suis moyennement d'accord, les YouTubeurs de la Redbox ont toujours été clairs là-dessus: "on a besoin de faire des vidéos sponso et parfois pas forcément ouf pour financer nos gros projets"
Et comme ils en profitent effectivement à bon escient, je vois pas le pb 🤷♀️— 🍥Akiira (@AkiiraKR) October 21, 2019
Expliquer ce qu’est le métier d’influenceur
Dans une vidé spontanée publiée le 29 octobre, il se réjouit dans un premier temps que les principaux retours sur les vidéos des quatre YouTubeurs soient si positifs. « Ce n’est pas du tout une suite de la vidéo de Mcfly et Carlito, Amixem et Joyca. J’ai vu qu’il y a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, beaucoup, beaucoup de positif et c’était vraiment surprenant parce que d’habitude c’est surtout mal vu, mal perçu les opérations sponso », précise Valentin. Malgré ces commentaires, il a tenu lui aussi à clarifier la situation. Pour gagner sa vie en tant que créateur de contenu, il faut solliciter ou accepter l’aide d’annonceurs en se faisant payer. En échange, l’influenceur produit un contenu (de qualité) et parle de la marque ou l’évoque rapidement. Mais dans la vraie vie, tout ne se passe pas aussi bien.
Valentin tient à préciser qu’à de nombreuses reprises les entreprises ne comprennent pas encore son métier. Il prend l’exemple récent d’un mail reçu avec un PDF. L’auteur du message lui propose une remise de 50% sur l’achat d’un de leur produit. En contrepartie, il doit produire une vidéo YouTube. « Une vidéo que tu produis pour une boîte, le prix varie entre 1000 et 30.000 euros », précise le YouTubeur. Pourquoi est-ce qu’un YouTubeur ne demanderait pas lui aussi un chèque pour le temps passé sur la conception d’une vidéo? Certaines entreprises, comme certains abonnés, ont encore dû mal à le comprendre.
Des partenariats cachés ou assumés?
Et si décomplexé l’audience des influenceurs vis-à-vis des partenariats permettaient à ces derniers de développer des projets plus ambitieux? Avec ce genre de contenus, les vidéastes expliquent à leurs abonnés comment fonctionnent leur secteur. Mais les entreprises peuvent elles aussi y trouver des clés pour envisager une future opération. Dans une récente étude publiée par Kolsquare, l’équipe de l’agence explique qu’une fois sur 4, une demande de collaboration avec un créateur de contenu était vouée à l’échec. La plupart du temps, l’annonceur ne souhaitait pas allouer un budget acceptable pour un tel projet. Tous ne comprennent pas encore que la création de contenu sur Internet se paie. « Il faut vraiment penser que les projets prennent du temps et coûtent de l’argent », poursuit VodK dans sa vidéo.
Si certains abonnés n’acceptent pas de voir des partenariats s’immiscés dans les contenus des influenceurs, ne pas évoquer l’opération sponsorisée est aussi mal vu. Cet été, de nombreux internautes s’étaient exprimés sur les réseaux sociaux après des stories d’instagrameurs comme Sundy Jules ou encore Enzo Tais-toi à propos du service national universel (SNU). Ces derniers avaient réalisé une vidéo dans laquelle ils en faisaient la promotion. Pourtant à aucun moment le fait qu’ils soient payés ou qu’on leur a demandé de faire ces vidéos n’a été précisé. Faut-il donc continuer à critiquer les influenceurs lorsqu’ils font une collaboration pour les encourager à les cacher? Ou faut-il encourager les contenus décomplexés vis-à-vis des opérations sponsorisées?
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