Pour Hugo Décrypte, « le fonctionnement de l’algorithme TikTok est parfois flou, c’est une boîte noire »

TikTok. Le 13 mars 2025, l’Assemblée nationale a ouvert une commission d’enquête pour évaluer les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Depuis cette date, Arthur Delaporte, le président de la commission d’enquête, Laure Miller, la rapporteure, ainsi que 30 autres députés analysent le sujet pour rendre des comptes au plus tard le 12 septembre 2025. À l’issue des résultats, TikTok, pourra être sanctionné, ou régulé.
Pour le moment, la commission d’enquête a débuté ses travaux en interrogeant plusieurs experts du numérique, et en lançant une consultation citoyenne pour recueillir l’avis des utilisateurs. Les députés continuent leur enquête en interrogeant d’autres profils: les créateurs de contenu. Ils sont nombreux à avoir été convoqués, comme Michou, Julien et Manon Tanti, ou encore Adrien Laurent. Le 3 juin, à l’Assemblée Nationale, Arthur Delaporte et son équipe ont auditionné Hugo Travers, le visage du média Hugo Decrypte. Pendant 45 minutes, le journaliste a pu revenir sur plusieurs sujets tels que la monétisation, l’algorithme, ou encore la désinformation présente sur le réseau social.
Algorithme, désinformation… Que faut-il retenir de l’audition d’Hugo Décrypte sur TikTok, à l’Assemblée nationale?
D’après une étude mondiale sur les médias en 2024, Hugo Décrypte est plus cité que les médias traditionnels comme Le Monde, Le Figaro, ou encore Libération. Chez les jeunes, c’est souvent leur première source d’information. Donc, l’opinion d’Hugo Travers sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs était logique.
Pendant son entretien, les députés ont insisté sur l’algorithme, puisque tout le monde aimerait comprendre comment celui de TikTok fonctionne. « Le fonctionnement est parfois flou. […] C’est une boîte noire », décrit Hugo Travers. Il raconte qu’il effectue une batterie de tests avec ses équipes pour comprendre ce qui fonctionne, et ce qui fonctionne moins sur le réseau social. « L’algorithme repose sur la pertinence d’un contenu vis-à-vis d’un public », donc plus les vidéos sont regardées longtemps, et plus elles performent sur la plateforme.
Mais, c’est un tout autre sujet qui préoccupe Hugo Travers, celui de la modération automatique des contenus. Certains sujets sensibles sont directement bannis, ou moins mis en avant. Pour illustrer son propos, le journaliste donne plusieurs exemples: une vidéo sur la nouvelle loi concernant la cigarette dans l’espace public mise de côté, ou un live bannis à cause de fumigènes en manifestation. Alors, ses équipes doivent contourner cette modération, en changeant l’orthographe du mot, ou en remplaçant une lettre par un astérisque. « Ça peut vite poser problème au niveau du droit à l’information », explique-t-il.
Avec autant de profils sur TikTok, on peut rapidement assister à un torrent de désinformation juste pour faire des vues, et gagner de l’argent avec des vidéos longues. Hugo Décrypte raconte que des utilisateurs diffusent des fausses informations en clonant sa voix, en copiant les codes du média, grâce à l’intelligence artificielle. D’autres utilisent d’anciennes vidéos, comme celle de l’annonce du reconfinement en octobre 2020 pour paraître plus crédible auprès des utilisateurs. « Parfois, la modération prend du temps, mais nous on a un numéro dédié pour joindre les équipes de TikTok en cas de problèmes », précise-t-il.
Les députés ont exposé l’idée de labelliser les créateurs de contenu, comme on peut le voir sur YouTube sur les sujets autour de la santé. « Je trouve que c’est un peu délicat. J’ai du mal à savoir sur quel critère on se base pour certifier certains comptes plutôt que d’autres », explique Hugo Décrypte. En ce qui concerne la possible interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, le créateur de contenu n’est pas favorable à cette requête. « Je ne suis pas à l’aise avec cette idée », et souligne le fait qu’il n’existe pas de moyen fiable de faire respecter cette interdiction. « En plus, il y a un réel intérêt de la part des jeunes pour l’actualité, ajoute-t-il. Par contre, le journaliste ne connaît pas le pourcentage de mineurs qui suivent ses contenus, puisque TikTok ne donne pas accès à cette donnée.