L’Assemblée nationale ouvre une enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs

TikTok. Ce n’est pas la première fois que TikTok se retrouve sous le feu des projecteurs en 2025. Pourtant l’année vient tout juste de commencer. En janvier, l’application a bien failli être bannie aux États-Unis, et en France, un collectif de 11 familles a porté plainte contre TikTok, car elles considèrent que l’algorithme du réseau social a poussé leurs enfants au suicide. Des actualités qui ne sont pas passées inaperçues auprès des députés.

Le mardi 25 mars, l’Assemblée nationale a ouvert une commission d’enquête parlementaire de six mois, sur les effets psychologiques de TikTok. L’objectif est de réguler le réseau social, et si besoin, de le sanctionner. Ce n’est pas la première fois que TikTok fait l’objet d’une commission d’enquête. En 2023, le Sénat a étudié le fonctionnement de la plateforme, du stockage des données, et de sa « stratégie d’influence » en réalisant de nombreux entretiens avec des psychologues ainsi que des employés de chez ByteDance.

« Ce n’est pas un procès de TikTok en soi, mais il s’agit de comprendre ce qui ne va pas avec TikTok », affirme le député Arthur Delaporte

C’est la députée du parti Renaissance Laure Miller qui a proposé l’ouverture de cette commission à l’Assemblée nationale, le 13 mars 2025, adoptée par la suite.  Pour présider ce travail, où 30 députés sont investis, c’est Arthur Delaporte qui a été nommé. Ce n’est pas la première fois que le monde de l’influence et du social media entend ce nom. Le député a notamment co-écrit avec Stéphane Vojetta la loi du 9 juin 2023, qui encadre le marketing d’influence sur les réseaux sociaux. Il a aussi participé à une enquête avec la Miviludes sur les agissements de la TikTokeuse Ophenya.

Le député est donc bien placé pour présider cette enquête, qui doit rendre ses résultats au plus tard le 12 septembre 2025. « Ce n’est pas un procès de TikTok en soi, mais il s’agit de comprendre ce qui ne va pas avec TikTok, et plus largement, de réfléchir à la protection des publics plus vulnérables face à ces réseaux sociaux », explique Arthur Delaporte au média Paris Match. En clair, l’objectif de cette commission est de comprendre les effets psychologiques de l’application TikTok sur les mineurs.

Je suis honoré de présider la future commission d’enquête sur Tiktok.

Nous aurons 6 mois de travaux afin de faire la lumière sur les nombreuses dérives de la plateforme et trouver les moyens d’y répondre. pic.twitter.com/GocyBvQewe

— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) March 25, 2025

Pendant 6 mois, Arthur Delaporte et 30 autres députés vont être chargés d’interroger plusieurs acteurs essentiels, comme la Commission européenne, l’Éducation Nationale, des familles, des jeunes, les représentants de l’application ou encore l’association e-Enfance. L’algorithme de TikTok sera lui aussi passé au peigne fin pour comprendre « les effets réels de TikTok sur les jeunes », précise Arthur Delaporte. L’enquête veut aussi savoir si l’application et les influenceurs réalisent l’impact de leurs actions sur leurs communautés, et de mieux comprendre la plateforme, pour former les parents aux nouveaux usages.

L’étude de Katia Roux, chargée de plaidoyer « Libertés » chez Amnesty International France, a démontré une spirale de contenus toxiques pour les jeunes. Sur ce point, c’est l’algorithme de recommandation de TikTok qui est mis en cause, puisqu’il a pour objectif d’inciter les utilisateurs à passer toujours plus de temps sur la plateforme, ce qui la rend addictive mais aussi dangereuse pour certains jeunes. Autre problème pour Arthur Delaporte: les cadeaux que les utilisateurs peuvent donner aux créateurs de contenus en live. Ces pratiques « pourraient être assimilables à des jeux d’argent déguisés », souligne-t-il au média Charlie Hebdo.

« Nous réfléchissons aussi à des solutions pour contrôler l’accès des mineurs aux réseaux sociaux », poursuit le député. Parmi les solutions évoquées, on retrouve une vérification de l’âge plus poussée, ou d’interdire un certain contenu pour une certaine tranche d’âge. Même si l’enquête porte sur TikTok, il se peut que ces idées soient appliquées aux autres réseaux sociaux. Il ajoute également d’une seconde loi sur les influenceurs est en préparation.