Pour Caroline Nicoullaud, ses vlogs sur YouTube sont « comme une thérapie »
Influenceurs. Les réseaux sociaux sont un moyen de s’exprimer pour tout le monde. Certains l’utilisent pour se divertir, d’autres pour s’éduquer sur divers sujets, et d’autres encore y trouvent un refuge. C’est le cas de Caroline Nicoullaud. Cette créatrice de contenu de 24 ans s’est lancée dans une série de vidéos sur YouTube depuis deux mois. Il s’agit de vlogs qui portent tous le même nom « Jour x pour aller mieux ». Le principe est simple: elle partage son quotidien sur la plateforme, en publiant tout, de ses hauts et de ses bas. Elle y documente ses angoisses, son addiction à l’eau, son vaginisme, les épisodes douloureux de sa vie, sa santé mentale.
Un travail bien différent de ce qu’elle peut faire sur les autres réseaux sociaux, comme Instagram où elle publie davantage des vidéos humoristiques. Elle travaille d’ailleurs sur un projet de spectacle ainsi qu’un livre en cours d’écriture sur le développement personnel et les sujets tabous. Comment a-t-elle décidé de montrer sa vulnérabilité? Pourquoi a-t-elle voulu tout partager sur YouTube? Dans le cadre de ses vidéos pour « aller mieux », nous l’avons rencontré afin d’en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussé à faire ce type de contenu et savoir si ça l’aide à aller de l’avant.
« Sur YouTube, c’est la vraie Caroline »
Caroline Nicoullaud est une ancienne juriste en droit des affaires, mais elle n’a jamais exercé. Elle s’est reconvertie dans la communication, avant d’investir les réseaux sociaux. Voyant sa communauté grandir de jour en jour, la créatrice de contenu a décidé de se consacrer exclusivement à son activité en ligne. Pour partager encore plus avec sa communauté, il y a deux mois, elle a publié sa première vidéo sur YouTube, appelée « livre ouvert » dans laquelle elle décrit ses angoisses et ses peurs autour de ses traumatismes. « Sur YouTube, c’est la vraie Caroline. J’avais acheté une caméra pour faire des vidéos, mais je ne savais pas trop par ou commencer. Alors, je me suis dis: je vais allumer ma caméra et voir ce qu’il en sort. J’étais à la fin d’une crise d’angoisse quand j’ai tourné la vidéo », confie-t-elle au site Les Gens d’Internet.
Dans cette première vidéo, elle a la voix tremblante et les larmes aux yeux. Caroline Nicoullaud dévoile à sa communauté son mal-être et souhaite documenter le travail fait pour aller mieux. Depuis ce jour, elle publie quotidiennement des vlogs. Cette thérapie en vidéo lui a permis d’obtenir une nouvelle petite communauté, complétement différente de celle qu’elle a sur Instagram ou TikTok. « Je n’ai pas trop parlé de cette chaîne YouTube sur TikTok, car les gens ne sont pas toujours très ouverts. Je l’ai évoqué sur Instagram, mais pas excessivement parce que j’ai envie que l’on me cherche sur YouTube. J’aime bien avoir ce petit nombre d’abonnés, car c’est plus facile de discuter ensemble », déclare-t-elle. À l’heure où nous écrivons ses lignes, sa chaine YouTube rassemble plus de 20.000 abonnés alors que sur les autres plateformes, elle a une communauté de presque 1 million de personnes.
Le choix du réseau social YouTube n’est pas anodin pour elle, c’était même plutôt une évidence. « YouTube c’est ma ‘safe place’, je suis une enfant de YouTube et je me sens bien sur cette plateforme ». Mais Caroline Nicoullaud était loin de s’imaginer que ce format de vidéo intéresserait autant de personnes. « Je ne pensais pas que ça prendrait cette tournure là. J’en ai encore besoin pour avancer, c’est un format que les gens aiment et je ne me force pas à faire du contenu. » Elle poursuit en affirmant que filmer ces vidéos est un véritable remède. « C’est comme une thérapie, je ne pensais pas que ça aiderait les autres. Je suis contente de recevoir des ‘Caroline grâce à toi j’ai pris mon premier rendez-vous chez la psy’. En faisant ses vidéos, je voulais voir que je n’étais pas seule. Par exemple, j’ai une addiction à l’eau et personne n’en parle. J’ai pu discuter avec beaucoup de gens grâce à ces vidéos et ça fait beaucoup de bien de voir que ça existe. Je ne pensais jamais utiliser YouTube de cette façon. »
Les vlogs pour aller mieux, un accomplissement pour Caroline Nicoullaud
Depuis deux mois Caroline Nicoullaud a publié 48 vlogs pour aller mieux. Filmer ces contenus lui permet de relativiser sur sa situation et d’aller mieux dans une certaines mesure. Elle ressent une certaine gratitude durant le tournage, montage et diffusion de ses vidéos sur YouTube. « Ça me procure une sensation d’accomplissement. Je vois que je vais mieux et que les autres peuvent prendre exemple sur moi. Je veux montrer que l’on peut vivre en attendant un diagnostic. J’essaye d’aller dans cette dimension positive », déclare t-elle. Elle a remarqué une évolution entre ses premiers vlogs où il était difficile pour elle de sourire et ses dernières vidéos, où Caroline Nicoullaud ne se force plus à afficher un visage souriant à son audience, accompagnée de son petit chat Michael, un des acteurs principaux de sa guérison.
L’étape la plus difficile pour elle, c’était l’avis de sa famille sur ses vidéos. Elle a longtemps déconseillé à ses proches de les visionner et ce n’est que très récemment qu’ils ont été autorisés à le faire. « Ma famille a regardé mes vidéos il y a une semaine. Ma mère était triste, mon père ne m’en a pas parlé, car il sait que je vais mieux. C’était dur car j’avais peur, je vivais avec cette angoisse permanente et ça me faisait de la peine. » Caroline Nicoullaud est très reconnaissante pour son entourage. Elle a peu d’amis mais ils lui sont précieux.
En plus de ses rendez-vous avec les professionnels de santé, la créatrice continue encore de se soigner grâce à ses vidéos. Elle espère aller réellement mieux et réussir à obtenir un diagnostic pour calmer ses douleurs et ses angoisses. Elle souhaite continuer son chemin dans le théâtre, dans le but de jouer, d’écrire et même de produire ses propres pièces. Caroline Nicoullaud écrit son premier spectacle qui parle de sa vie avec une touche d’humour et elle aimerait vraiment poursuivre dans cette direction, tout en continuant de parler de sujets tabous comme le vaginisme dans ses projets.