« Sur YouTube, il y a une course à la grosse production, mais ce n’est pas nouveau »

« Sur YouTube, il y a une course à la grosse production, mais ce n’est pas nouveau »

YouTube. Sur YouTube, les grosses productions semblent prendre un peu plus de place, tout du moins, dans les esprits. Les plus gros créateurs veulent en faire toujours plus pour repousser les limites de la créativité et impressionner leurs audiences. Récemment, Michou a surpris avec Terminal, sa série de vidéos en 4 épisodes. La production lui a coûté plus d’un million d’euros, et plus de 250 personnes ont dû être sollicitées pour mener à bien le projet. Mais avec tout ces contenus hyper produits, certains ne s’y retrouvent plus.

Lors du ZEvent 2025, le YouTubeur Joueur du Grenier a confié qu’il n’aimait pas le « YouTube moderne ». Pour lui, les concepts se ressemblent tous, et on y retrouve toujours les mêmes invités. « Je déteste la MrBeastisation de la plateforme », a-t-il déploré. Il évoque ici ce besoin d’aller chercher le concept qui repousse les limites.

En cette rentrée 2025, il y a eu Michou, mais également Squeezie qui revient avec une vidéo dans un train, avec un coût de production de 700.000 euros. Face à toute cette actualité, certains créateurs se demandent s’ils peuvent encore évoluer sur la plateforme. Qu’ils se rassurent, pour Romain Cabrolier, Head of Partnership chez YouTube France, « tout le monde à sa place sur YouTube« . Ça n’est pas parce que les vidéos les plus visionnées sont de grosses productions, que des contenus plus simples n’atteignent pas leur audience.

@heheclipe

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Pourquoi parle-t-on de « MrBeastisation » de YouTube?

Cette réflexion entre la production de grosses vidéos et ce besoin parfois de revenir à des contenus plus simples, n’est pas nouvelle. Chaque année, des créateurs se questionnent et en parlent à leur communauté. Ces derniers jours, plusieurs créateurs, comme Joyca ont exprimé leur envie de revenir à des formats plus simples et spontanés, loin de cette course au plus gros concept. « J’en avais un peu marre de faire et de voir que des « concepts » jeux ou autres qui nécessitent plus de production et que je trouve parfois très froids », a-t-il écrit dans une story Instagram, au début du mois de septembre. Pour sa rentrée, il a choisi de revenir avec une vidéo « authentique, simple, humaine », filmée au format vlog où il partage son aventure au camping avec Djilsi. Publiée le 31 août, elle a été visionnée plus de 3 millions de fois.

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Pour Romain Cabrolier, il est clair que les deux formats peuvent coexister sur le réseau social. « YouTube permet une liberté de création et n’impose pas aux créateurs de ne faire que des contenus très produits. C’est même déconseillé, l’idéal est de varier les plaisirs ».

En 2025, si on parle de « MrBeastisation » de YouTube, c’est parce que les contenus les plus produits sont les plus visibles, car ils sont réalisés par les créateurs les plus suivis, qu’ils donnent cette impression de course au concept. « Oui, il y a une course à la grosse production, mais ce n’est pas nouveau. Cyprien, Natoo ou d’autres faisaient déjà des vidéos avec plus de moyens. C’est l’arbre qui cache la forêt. En réalité, énormément de contenus plus simples et niches continuent d’émerger et d’apporter de la nouveauté », anlyse Romain Cabrolier.

La plateforme YouTube est-elle la « nouvelle télévision »?

Si certains comparent YouTube à une nouvelle télévision, ce n’est pas l’ambition de la plateforme mais elle constate que les usages évoluent, donc elle s’adapte. Aux États-Unis, YouTube se consomme beaucoup plus sur les téléviseurs connectés, plutôt que sur un ordinateur ou un smartphone. En France, les habitudes évoluent également dans ce sens. La télévision est le deuxième écran sur lequel on regarde YouTube. Donc, les utilisateurs veulent passer du temps devant des contenus longs et qualitatifs. Cette évolution explique pourquoi les vidéos plus produites sont très regardées. Elles répondent aux attentes de consommation des utilisateurs.

Selon Romain Cabrolier, c’est l’audience qui décide des tendances, plutôt que le réseau social. Si les formats longs et qualitatifs s’imposent aujourd’hui, ça n’empêche pas les créateurs de contenu de publier des vidéos plus spontanées, authentiques, ou d’explorer d’autres formats comme les Shorts. « 70% des chaînes YouTube proposent des Shorts », affirme Romain Cabrolier. Ces vidéos courtes ne touchent pas forcément la même audience, mais peuvent aider au développement d’un compte. C’est une façon pour les YouTubeurs de proposer toujours plus de contenus divers et variés.

Du côté des audiences, les avis sont mitigés. Certains utilisateurs estiment désormais normal de retrouver un tel investissement pour une vidéo YouTube lorsqu’un compte réunit plusieurs millions d’abonnés. « Sur YouTube tu as de tout, des petites productions comme des grosses. Là, en l’occurrence, c’est une chaîne de 19 millions d’abonnés, donc c’est normal », écrit l’un d’eux sur X. « YouTube, ce n’est tellement plus comme avant. Il n’y a tellement plus rien à regarder parce que tout le monde fait des vidéos avec de la grosse production et des gros projets donc quand tu veux te poser et chiller, il n’y a aucune vidéo. C’est trop chiant puisqu’ils en sortent moins », confie un second. Deux avis qui s’opposent, mais qui résument également les attentes des viewers.

Sur YouTube, les exemples ne manquent pas pour montrer qu’il est possible de revenir à des contenus plus simples pour les créateurs qui le souhaitent. Ça a été le cas de McFly et Carlito, qui ont fait une pause de plusieurs mois à cause d’un burn out. Aujourd’hui, ils proposent des concepts dans leur studio, avec moins de moyens de production, et en prenant plus de plaisir. Il en va de même pour Squeezie, qui, entre deux grosses productions, continue de proposer des threads horreur sur YouTube, seul, face caméra dans son studio. L’ensemble de ces contenus répondent néanmoins à un critère phare de la plateforme, ils sont longs.

En France, « Natoo, Cyprien ou Golden Moustache ont mis la barre haute » en matière de création de contenu

Pour Romain Cabrolier, la France bénéficie d’un contexte culturel propice à la création de contenu, avec par exemple les aides du CNC qui permettent aux YouTubeurs de repousser les limites de la création. Mais, ce n’est pas tout. « Nous avons un vrai héritage culturel français de contenus humoristiques et documentaires qui sont de très bonne qualité. Ces vidéos ont bercé l’enfance des premiers YouTubeurs, avec Natoo, Cyprien ou Golden Moustache qui ont mis la barre haute en France. Alors, la nouvelle génération de créateurs comme Inoxtag ou Michou a été influencée par ces contenus », raconte Romain Cabrolier.

Romain Cabrolier rappelle que les vidéos les plus vues ne représentent qu’une partie des contenus disponibles sur YouTube. On y retrouve une diversité de contenus de niche, qui trouveront forcément leur public. En 2025, on compte plus de 900 chaînes françaises qui comptabilisent plus d’un million d’abonnés, et 9000 chaînes qui dépassent les 100.000 abonnés. « Sur YouTube on a toutes les passions et toutes les cultures », ajoute-t-il. Pour lui, c’est ce qui fait la force du réseau social: chacun peut y trouver sa place, produire ce qu’il veut et à la manière dont il le souhaite.

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