Voici les résultats de la Commission d’enquête sur TikTok réalisée par l’Assemblée nationale

TikTok. En mars dernier, une trentaine de députés se sont rassemblés pour participer à une enquête visant à mieux comprendre TikTok et son impact chez les jeunes. Pour présider ce travail, c’est Arthur Delaporte qui a été nommé. Un secteur qu’il commence à bien connaître puisque le député est notamment à l’origine de la loi sur les influenceurs du 9 juin 2023. « Ce n’est pas un procès de TikTok en soi, mais il s’agit de comprendre ce qui ne va pas avec TikTok, et plus largement, de réfléchir à la protection des publics plus vulnérables face à ces réseaux sociaux », expliquait-il alors.
Durant plusieurs mois, les députés ont réalisé des audiences publiques en invitant plusieurs experts de l’application. L’équipe de TikTok France a été auditionnée, tout comme des influenceurs, à l’image de Nasdas et AD Laurent, en passant par des psychologues et analystes. Après ce gros travail, les députés ont dévoilé ce jeudi 11 septembre leur rapport. Que faut-il retenir de leurs auditions et que préconisent-ils pour aider les plus jeunes utilisateurs? « À l’issue de cette commission d’enquête, le verdict est sans appel: cette plateforme expose en toute connaissance de cause nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux, addictifs », confie Arthur Delaporte.
Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, couvre-feu numérique… ce que dit le rapport de l’enquête TikTok à l’Assemblée nationale
Ce rapport parlementaire préconise différentes actions. Elles sont au nombre de 43. Les députés excluent l’interdiction totale de l’application qui serait pour eux « inefficace ». Néanmoins, ils demandent à ce que les moins de 15 ans ne puissent pas aller sur les réseaux sociaux, sauf pour les applications de messagerie. « Les mineurs de 13 à 15 ans sont encore trop vulnérables pour être exposés aux réseaux sociaux, même avec autorisation parentale« , précise Laure Miller, rapporteure de la commission d’enquête.
En ce qui concerne les 15-18 ans, ils conseillent une utilisation raisonnée avec un couvre-feu numérique de 22h à 8h. Une interdiction pour cette tranche d’âge n’est pas exclue, « si les réseaux sociaux ne respectent pas de façon satisfaisante leurs obligations juridiques et/ou s’avèrent représenter pour les mineurs des risques importants et persistants ».
Le rapport note également qu’une forte utilisation du portable a des conséquences sociales et cognitives chez les plus jeunes, notamment les lycéens. Une forte utilisation des réseaux sociaux affecteraient également leur santé mentale, renforcé chez les jeunes filles. C’est pour cette raison qu’ils souhaitent pérenniser le projet « portable en pause » dans les collèges et les écoles élémentaires, mais en allant plus loin. Ils veulent que le portable soit interdit dans les lycées. L’idée est également de repenser le rapport aux écrans. « Comment sérieusement essayer de tenir nos enfants le plus possible éloignés des écrans, quand on leur demande de se connecter, sitôt rentrés de l’école, à Pronote ou tout autre logiciel, pour récupérer leurs devoirs? »
Pour sanctionner les plateformes et faire en sorte qu’elles bougent lorsqu’un problème naît sur leurs outils, les députés soumettent un renforcement des sanctions, « non seulement systématiques, mais suffisamment dissuasives pour modifier les comportements des plateformes ». Aussi, les députés proposent d’échanger au niveau européen sur une possible fin des algorithmes, pour ramener de l’aléatoire et une diversité des contenus, afin d’éviter les phénomènes de « bulles de filtres » et de « spirales de contenus néfastes ».
Pour terminer, les députés alertent également sur la méconnaissance de ces dangers par le grand public. Pour résoudre ce problème, le rapport préconise de renforcer les campagnes de communication et de sensibilisation, et de pousser les réseaux sociaux à communiquer un maximum.