Influenceurs. C’est une affaire qui secoue la toile depuis la fin du mois de décembre. En Algérie, quatre des influenceurs les plus suivis du pays, Farouk Boudjemline (Rifka), Mohamed Aberkane (Stanley), Numidia Lezoul et Ines Abdeli, ont participé à une escroquerie. La justice les a mis sous mandat de dépôt avec 11 autres suspects. Ils sont accusés d’association de malfaiteurs, de vol, d’escroquerie, de blanchiment d’argent, de faux et usage de faux et de traite d’êtres humains via un groupe criminel organisé et transnational.
Pour comprendre comment ils en sont arrivés là, il faut remonter quelques semaines en arrière. À la fin de l’année 2021, des agences spécialisées dans le marketing d’influence contactent ces créateurs de contenu. Elles leur proposent de faire la promotion de l’entreprise “Future Gate” qui invite les étudiants algériens à poursuivre leurs études dans des universités à l’étranger, comme en Ukraine, en Turquie ou encore à Chypre. Pour ce partenariat, ils sont rémunérés entre 300.000 et trois millions de dinars algériens, soit entre 1890 et 18.900 euros. L’entreprise a même invité Rifka à découvrir les infrastructures en Turquie. Devant cette proposition alléchante, difficile de refuser.
75 étudiants arnaqués par un partenariat accepté par ces influenceurs algériens
Les quatre influenceurs en font donc l’éloge dans des stories sur Instagram. Certains de leurs abonnés, attirés par l’offre, y souscrivent simultanément. Ils sont 75 à s’inscrire à ce programme. Certains d’entre eux partent dès le mois de décembre. Les premières plaintes arrivent à la police à la mi-décembre. Selon le site algérien TSA, une première victime dévoile tout au grand public dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux le 8 janvier. Elle se trouve alors à l’aéroport d’Odessa en Ukraine, totalement désemparée: elle n’est pas inscrite sur la liste de l’université. Des comptes comme « J’affiche Dz » ou encore l’instagrameuse Nahla Tv s’emparent du sujet et le rendent davantage visible.
Devant la multiplication des messages d’arnaques, les créateurs de contenu réagissent. Rifka et Stanley réalisent des lives sur leurs réseaux sociaux où ils demandent pardon à leur communauté. Dans la foulée, le premier partage un message sur Instagram. « J’ai décidé de donner l’argent que j’ai gagné suite à cette collaboration aux victimes de cette escroquerie qui se trouvent en Turquie. On va faire de notre mieux pour les aider le temps que l’enquête avance et qu’on aboutisse à une solution ». De son côté, Inès Abdelli a assumé les conséquences de ce partenariat en direct sur Instagram, expliquant avoir été mise en confiance dès le début.
La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) est en charge du dossier. L’affaire prend une autre ampleur lorsque la justice publie le 19 janvier, la vidéo des aveux des quatre influenceurs. On y retrouve Rifka, Farouk Boudjemlin, Stanley, et Inès Abdelli. Aujourd’hui, les influenceurs mis sous mandat de dépôt. Inès Abdelli, mineure, est mise sous contrôle judiciaire. Selon les médias locaux, 11 autres personnes ont été incarcérées, dont le propriétaire de « Future Gate ».