LinkedIn. Fausses couches, dépression, burn out, divorce… Ces derniers temps sur LinkedIn, les sujets varient et les utilisateurs n’hésitent plus à se confier sur leur vie privée. Ces partages de plus en plus personnels semblent plaire, à en croire le nombre de like que ces posts peuvent entraîner. 100, 400, 1000, 4000… Une belle récompense pour ceux qui travaillent leur ligne éditoriale et souhaitent se faire voir sur LinkedIn. Car, ne l’oublions pas, la plateforme a toujours eu une vocation pour de nombreux profils: permettre à leur entreprise de toucher de nouveaux clients. Pour y parvenir, la solution est donc de publier autant que possible et espérer avoir un impact sur son audience.
Se faire une place sur LinkedIn devient de plus en plus compliqué. Ce sont 3,5 millions de Français qui s’y connectent chaque jour et des centaines, voire des milliers, de posts mis en ligne quotidiennement. Une poignée d’utilisateurs arrivent à tirer leur épingle du jeu en multipliant les publications au-dessus de la centaine de likes et enregistrent plusieurs millions de vues chaque mois. En France, ils s’appellent Dorith Naon ou encore Thibault Louis. Certains d’entre eux sont désignés comme des influenceurs sur LinkedIn. D’autres, ont créé leur propre métier. Ils sont devenus, grâce à leur visibilité sur la plateforme, des ghostwriters.
C’est quoi le ghostwriting sur LinkedIn ?
Ce terme n’est en réalité pas nouveau. Dans le domaine musical, il est également utilisé pour désigner ces personnes qui écrivent pour les artistes. On ne connaît pas leur visage. Ils se félicitent en coulisse pour chacun de leur titre qui cartonnent. Sur LinkedIn, aujourd’hui, nous vivons la même chose. Derrière quelques-uns des posts aux milliers de j’aime des CEO, entrepreneurs et autres dirigeants, se cachent peut-être un ghostwriter. « Sur LinkedIn, cela signifie que nous écrivons les posts des autres », confie au site Les Gens d’Internet, Dorith Naon. Depuis novembre 2021, l’influenceuse B2B et ghostwriteuse publie chaque semaine plusieurs posts sur LinkedIn. Elle parle de diverses thématiques qui lui tiennent à coeur. Son franc-parler et son humour plaisent puisque chaque prise de parole réunit des centaines de réactions. Tous les mois, elle enregistre plusieurs millions de vues.
Alors, après avoir quitté son CDI, Dorith Naon décide de se lancer dans une nouvelle aventure. Depuis plusieurs semaines maintenant, elle accompagne les CEO et dirigeants d’entreprise à prendre la parole sur LinkedIn. Elle devient leur plume et rédige leurs posts presque quotidiennement. Grâce à ses offres, l’entrepreneuse leur proposer de gagner en visibilité sur la plateforme et de travailler sur leur image. « Les clients vous confient leur identité. Vous avez la réputation d’une boîte entre vos mains et l’histoire personnelle du CEO avec. Mes clients me confient beaucoup d’anecdotes, d’histoires personnelles très dures, dont certaines ne seront jamais dévoilées », poursuit Dorith Naon.
Les qualités d’un bon ghostwriter
Écrire des posts sur LinkedIn pour les autres, ne signifie pas simplement se poster derrière son ordi et taper frénétiquement sur son clavier en piochant un sujet au hasard. Le ghostwriter passe un temps fou à écouter la personne avec qui il collabore. « Mon rôle est de les écouter un maximum, pour comprendre qui ils sont, ce qu’ils veulent transmettre et la valeur ajoutée, explique Dorith Naon. Mes clients connaissent mon ton, ma manière d’écrire et ils veulent la même chose. Il y a une finesse d’esprit à avoir, c’est-à-dire que le post doit ressembler à la personne, en y mettant un peu de ma patte, mais il faut qu’elle se dise qu’elle aurait pu l’écrire. » Et là est toute la difficulté: réussir à rédiger pour les autres en s’adaptant à leur demande.
Pour mieux comprendre leurs attentes et le message à faire passer dans les publications, le ghostwriter prend le temps d’échanger avec son client. « Je me suis rappelée toutes les fois où j’ai pu faire la psy avec les gens, collègues de travail ou amis. On m’a beaucoup demandé d’écrire des SMS de rupture. J’ai mis des gens en couple. J’y ai repensé et je me suis dit que je pouvais mettre ça aussi au service du client qui ne sait pas comment communiquer sur LinkedIn, qui ne connait pas grand chose à la communication digitale, et qui ne sait pas quelle émotion ni quel message faire passer. Ça se traduit donc par beaucoup d’écoute active », poursuit Dorith Naon.
« Je leur pose énormément de questions dès le retour de devis signé: quel cible, quel ton, des exemples de posts qu’ils ont aimés ou non pour les cerner un maximum. faire une interview pour comprendre la personnalité, le client a confiance en vous, en votre expertise. il ne va pas forcément relire vos posts et les corriger, donc il faut assurer derrière », assure-t-elle. La ghostwriteuse impose un cadre bien précis pour que la relation avec le dirigeant qu’elle accompagne n’empiète pas trop sur sa vie privée. « Je ne prends aucun appel non programmé, la communication se fait d’une manière précise, les posts sont disponibles sur ce Google doc… ».
Une fois que le curseur est trouvé, le but est de rédiger un post qui suscitera un intérêt pour le public visé. Et là encore, il faut avoir une certaine qualité: savoir rester humble. « Le client peut parfois faire des millions de vues ou encore être félicité pour sa plume, mais vous, vous ne pouvez rien dire. Il ne faut pas être frustré de ne pas avoir les compliments, car vous avez fait tout le travail. Si vous avez besoin de reconnaissance, ne faites pas ce métier, vous êtes dans l’ombre », conclut-elle. Pour Dorith Naon, la richesse de son activité n’est pas d’être dans la lumière, mais de savoir passer des messages et d’avoir des clients satisfaits de leurs résultats.
Pourquoi le métier de ghostwriter sur LinkedIn fait parler de lui
Le ghostwriter ne précise jamais avec qui il travaille. Le client n’indique pas non plus s’il est épaulé par un profil de ce type. « C’est très secret, c’est un peu ingrat. Jamais un client en ghostwriting ne va mettre un avis sur notre page LinkedIn. Le principe même c’est qu’il ne veut pas que ça se sache. Vous êtes prête-plume de façon anonyme et secrète, et le client s’approprie votre travail et c’est ok sur le principe. » Même lorsque les clients veulent avoir des exemples, Dorith Naon ne peut les renvoyer que vers ses posts à elle. L’entrepreneure ne communique jamais sur les résultats de ses clients. Tout est secret et la collaboration se fait dans la confiance et la confidence.
La seule chose dont certains se vantent est le prix qu’ils facturent pour ce type de prestations. Thibault Louis en parle assez régulièrement dans ses publications sur LinkedIn. Il avoue sans sourciller avoir multiplié par quatre ses tarifs ces 12 derniers mois. Aux États-Unis, certains ghostwriters facturent entre 250 et 700 dollars de l’heure. De son côté, Dorith Naon a pensé deux offres distinctes qui se concentrent davantage sur le fond que sur le temps passé. « Je mets entre 15 et 30 minutes pour écrire un post. Je peux mettre plus d’une heure parfois, s’il faut vulgariser et faire des recherches », précise-t-elle.
En France, aucun chiffre ne précise combien de ghostwriteurs vivent de ce métier, notamment sur LinkedIn. Si les premiers ont fait leur apparition il y a quelques années, ce ne sont que ces derniers mois qui leur ont permis de gagner leur vie en rédigeant le post des autres. LinkedIn ne cesse de se construire en France, quelle sera la nouvelle tendance?