Créateur. Tibo InShape est aujourd’hui le plus YouTubeur de France le plus suivi en nombre d’abonnés. Sa stratégie est simple, produire un maximum de contenus courts sans parler, pour que tout le monde puisse le comprendre. Le créateur est capable d’enchaîner les millions de vues, de se renouveler sans cesse, et de peser lourd dans l’univers de la Creator Economy. Mais fin 2025, une décision inattendue va l’embarquer dans une polémique que personne n’avait anticipée : autoriser toute sa communauté à utiliser son image, via l’intelligence artificielle, pour créer du contenu en son nom.
Était-ce une erreur stratégique de communication bien pensée ? Ou une idée visionnaire qui a simplement échappé à son créateur ? Cette affaire, qui a éclaté en quelques heures, révèle beaucoup plus que l’histoire d’un YouTubeur pris dans son propre piège. Elle raconte le futur de la création de contenus sur les réseaux sociaux, ses dangers, ses opportunités, et les limites que nous n’avons pas encore fixées.
Un projet pensé comme un coup de génie pour vendre son livre « Derrière la lumière »
Tout part d’une idée apparemment brillante, celle de permettre à sa communauté d’utiliser un avatar 3D de son visage, modélisé grâce à l’application Sora 2, l’outil d’OpenAI capable de générer des vidéos IA en quelques secondes. L’objectif de Tibo InShape est de propulser sa présence à l’international, multiplier les contenus sans les produire lui-même, et prendre une longueur d’avance dans l’industrie. Dans une interview donnée à BFM TV le 23 octobre, au moment de la sortie de son livre, il le dit clairement: “Je veux être le MrBeast du sport.”
Pour lui, être présent sur Sora, c’est penser le futur. Les créateurs de demain seront ceux qui accepteront que leur visage, leur voix, leur identité… deviennent des modèles réutilisables. Et sur le papier, l’idée est effectivement visionnaire. Mais pour le moment, ce ne sont que des souhaits et des projections.
Cette réflexion de Tibo InShape et ce timing n’ont rien d’un hasard. Fin octobre, Tibo est en pleine tournée médiatique. Radios, télés, podcasts, interviews, extraits TikTok… On le voit partout. Il vient tout juste de publier son livre « Derrière la lumière », aux éditions Amphora et compte bien en faire l’un des cadeaux phares de ce Noël 2025. C’est donc pile à ce moment-là qu’il choisir d’investir Sora 2.
Il s’imaginait que ses abonnés allaient pouvoir créer du contenu avec sa propre image sans qu’il ne fasse rien. L’idée pouvait être bonne au départ, surtout pour faire parler de lui, mais très vite, tout a dérapé…
Sora 2 : l’application où les visages deviennent des modèles IA
Sora 2 n’est pas n’importe quelle application. Sortie en septembre 2025 et conçue par OpenAI, elle propose un TikTok 100% IA. On y retrouve une interface de contenus courts, générés instantanément grâce à des commandes textuelles. Sora permet de générer n’importe quelle vidéo à partir d’un prompt, d’utiliser des visages de personnalités, si elles ont donné leur accord, de créer son propre avatar en scannant son visage et de diffuser directement ses créations sur un fil comparable à TikTok. Lorsque Tibo met son visage dans Sora, sa communauté obtient un super-pouvoir, celui de créer des vidéos en son nom, sans contraintes, sans limites, sans validation. Et c’est précisément là que tout bascule.
Au départ, les contenus générés sont légers, absurdes, humoristiques. Et ce qui ne devait être qu’une expérimentation amusante tourne soudain à un phénomène massif. Des milliers de personnes commencent à jouer avec son visage, à détourner son image. En moins de 24h, les réseaux sociaux se remplissent de vidéos problématiques : insultes, propos racistes, scènes humiliantes et des contenus violents ou gênants. Tout cela avec le visage parfait de Tibo InShape. Un deepfake impeccable, rendu crédible par la puissance de Sora.
Tibo comprend. Son avatar ne lui appartient plus. Son image circule sans contrôle. Et certains internautes l’exploitent pour produire l’impensable.
La solution de Tibo InShape face à Sora 2
Pour tenter de calmer la situation, Tibo InShape va dans un premier temps réaliser une courte vidéo sur ses réseaux sociaux. Il se défend en expliquant que ça n’est pas lui à l’origine de ces contenus racistes et qu’il a participé à créer une tendance. Autre argument amené par le créateur: les vidéos de lui imaginée par l’IA ont un filigrane « Sora » qui permet à sa communauté de savoir qu’elles ne sont pas de lui. Mais malheureusement, encore trop peu d’utilisateurs sont assez familiers avec les IA pour ne pas se laisser avoir. Selon une étude IFOP, seuls 6% des Français peuvent repérer une vidéo IA.
Dans un second temps, il publie une vidéo plus longue sur sa chaîne YouTube. Il revient en détails sur ce qu’il s’est passé, montrant les exemples de vidéos qui lui ont posé problème. Il avoue également avoir été naïf, qu’il ne pensait pas qu’autant de monde allait utiliser Sora 2, sachant que l’application n’est pas encore disponible en France. Mais il en profite également pour partager son livre, en intro et en outro de sa vidéo.
Tibo InShape a donc fait parler de lui à un moment crucial, lors de la sortie de son livre. Et si finalement ce buzz lui avait permis de communiquer sur son nouveau projet ?
Notre vidéo YouTube a été réalisée en collaboration avec Certiphy.io.

