Twitch. L’équipe Les Gens d’Internet a passé le week-end à la TwitchCon. Nous avons pu échanger avec de nombreuses personnes pour comprendre l’évolution de la plateforme, de la communauté et de la monétisation. Pour avoir le retour concret d’un streamer sur l’ensemble de ces aspects, nous avons rencontré le streamer Aypierre. Il est présent sur les réseaux sociaux depuis 12 ans et a accepté de nous partager son point de vue sur les différents sujets abordés dans nos articles précédents.
Voici son regard en tant que créateur de contenu.
- Les lives IRL ou encore les musiques sont plus que mises en avant par Twitch. Ce type de projet est-il vraiment tendance sur la plateforme?
Les gens en se développant, veulent faire des choses qui se démarquent du jeux vidéo, qui sont un peu plus grand public peut-être. On a connu l’expansion du streaming dans les années 2020, lors du confinement. Il ne faut pas oublier que dans ces moments-là, il n’y avait pas grand choses à faire à part jouer à des jeux vidéo et rester la maison. Maintenant que l’on est sorti de tout ça, il y a une volonté des gens de faire des événements IRL, de se rencontrer. Il y a plus de choses à faire en terme de budget, car les sponsors sont prêts à mettre un peu plus d’argent vu que les audiences ont grossi et que l’on peut organiser des trucs plus sympas.
On a plus de recul sur les chiffres, c’est plus facile d’assurer certaines choses. Le milieu s’est beaucoup plus professionnalisé, ce qui fait que les sponsors ne partent pas à l’aveuglette. En revanche tous les streamers ne peuvent pas se permettre de faire des événements en réel. Ça fonctionne lorsque l’on est un Squeezie avec le GP Explorer ou un Amine avec le Eleven All Star.
Par ailleurs, ce que le public aime beaucoup, c’est de voir aussi la personne derrière le streamer. Quand on joue, on peut voir nos personnalités, mais ils veulent connaître aussi ce qu’il y a dans la vraie vie. C’est peut-être pour ça qu’ils sont plus en attente d’événement plus en réel qu’en virtuel. On a eu des exemples aussi que parfois ce n’est pas forcément bien de le faire. Je me souviens d’un événement, bon ce n’était pas fait sur Twitch, mais de Vilebrequin. Il y a eu le problème inverse. L’idée c’était de faire un espace où les gens puissent venir, mais ça a eu trop de succès en ligne. Il faut savoir trouver l’équilibre.
- Twitch aime beaucoup dire que le chat est le coeur de la plateforme. Que peux-tu nous dire à ce sujet ?
C’est la seule façon d’échanger avec le public. Il y a différents types de chat, ça dépend des jeux. On peut parfois avoir des jeux où les personnes sont tentées de nous guider et puis des fois, il y a des chat où l’on est là juste pour rigoler, faire des mèmes. Quand tu es streamer, tu regardes forcément toujours ton chat. Il y a toujours un échange entre jouer et regarder son chat, pour voir la réaction des gens pour avoir ce lien avec les gens.
Ce que les utilisateurs ne savent peut-être pas, c’est que le chat influe beaucoup sur le moral des streamers. Un chat assez jovial qui va rigoler à chaque fois qu’un truc nous arrive, ça va créer un petit peu une bonne ambiance. Pareil pour un chat dynamique. La communauté ne se rend pas forcément compte à quel point un chat peut influencer sur le moral.
- Twitch porte également un regard particulier sur les plus petits streamers. Penses-tu qu’il est encore possible de se développer sur la plateforme?
C’est toujours possible et ça sera toujours possible. On voit de petits streamers sortir de nulle part et qui progressent. La plus grosse difficulté est de savoir combien de temps ça va prendre. Généralement, on dit que pour un stream, les 100 premiers viewers réguliers sont les plus difficiles. Une fois qu’on les a atteint, on a déjà sa petite communauté. Malheureusement, c’est impossible de trouver la recette miracle. Des fois, ça va être parce que l’on est dans le bon timing, que l’on a streamé le bon jeu, au bon moment. Ça peut être de faire le bon buzz, dans le sens où l’on a fait quelque chose de rigolo, c’est clippé et partagé.
Je connais un streamer qui pendant 10 ans a fait 300-400 viewers de moyenne. Et il y a eu un événement, le GTA RP de Zerator qui l’a propulsé. Maintenant, il fait 3000 viewers de moyenne. Avant c’était déjà pas mal, mais c’était la limite entre on peut en vivre mais ça n’est pas si simple que ça, alors qu’à 3000 on peut se prendre des locaux, on peut faire une équipe à côté. Ce qui est fou, c’est qu’il n’a pas changé sa façon de faire. Il y a eu ce petit truc. Au final, il faut persévérer. Le meilleur moyen d’arriver sur Twitch en partant de zéro, c’est de la rigueur.
- Avec la nouvelle application, Twitch semble vouloir miser sur l’algorithme pour favoriser la découverte de certaine chaîne. Que penses-tu de cette évolution ?
Sur Twitch, généralement on va chercher un jeu en particulier ou un streamer. Ça a un petit peu changé, car il y a des recommandations de chaînes parfois.
Je suis plus adepte du côté pas d’algorithme, mais bon, je suis là depuis longtemps et que c’était comme ça avant. L’algorithme c’est bien, mais côté créateur, ça a un effet pervers. Il faut du coup réfléchir à comment le tourner dans son sens et donc on se déroute de ce que l’on ferait naturellement, parce que l’on est obligé de le faire pour avoir plus de visibilité. Par exemple avant sur YouTube, on se contentait de créer du contenu en répondant activement à ce qu’il y avait dans notre contenu, car les gens cherchaient ce qu’ils voulaient. Là où maintenant, c’est « qu’est-ce que l’on va mettre pour être identifié par l’algorithme, pour être plus visible, même si ça n’est pas notre contenu ».