Social media. Si vous vous rendez sur le compte Instagram de Léa Elui, il n’y a rien de nouveau depuis plusieurs jours. Étonnement, aucune story n’est présente sur son profil. A-t-elle déserté les réseaux sociaux pour se déconnecter un peu? Va-t-elle revenir pour partager son quotidien? En réalité, la créatrice de contenu est bien présente pour sa communauté, mais a décidé de communiquer avec elle sur une autre plateforme: Snapchat. À la différence de son compte Instagram, il est possible de découvrir qu’actuellement, elle est en voyage à Tokyo.
Ses journées complètes sont accessibles sur l’application. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de la suivre, il est possible de la découvrir sous un autre jour. Léa Elui n’hésite pas à publier des stories prises sur le vif, en train de déguster un produit qu’elle ne connaît pas encore ou bien en train de se prendre en selfie dans une vitrine, dans un centre commercial tokyoïte. La snapchatteuse en herbe est à l’image de ce que souhaite faire la plateforme en France: faire venir des créateurs de contenu qui ont déjà une communauté ailleurs, pour les inviter à publier davantage sur les « coulisses » de leur quotidien.
Faire venir un maximum de créateurs sur Snapchat, oui, mais comment?
Même si Snapchat s’est toujours fait discret, l’audience est belle et bien présente. Selon des données publiées par Médiamétrie au début de l’année, la plateforme comptait en janvier 2023, 25 millions d’utilisateurs mensuels en France, soit 26% de plus qu’en 2020. Une majorité d’entre eux, 34%, sont âgés entre 15 et 24 ans. Pour faire en sorte que cette communauté grossisse, Snapchat a embauché une nouvelle recrue qui a pour objectif de consolider la présence des créateurs de contenu sur la plateforme. C’est Julie Bogaert, anciennement chez Instagram et Meta, qui a pris le poste de Head of Talent Partnerships EMEA, depuis le mois de septembre 2021.
L’objectif avec ce poste est d’avant tout valoriser les créateurs de contenu sur la plateforme et de faire évoluer l’image que l’on a de Snapchat. « À mon arrivée, il y a eu tout un travail d’audit. La certification a été retirée à plein de comptes pour donner davantage de place aux contenus positifs, aux créateurs qui ont un message à faire passer », précise-t-elle au site Les Gens d’Internet. Exit donc les profils sans valeur ajoutée. Désormais en France, seuls 500 comptes sont certifiés et l’idée n’est pas de faire en sorte de multiplier la distribution de ce badge. La sélection sur Snapchat se veut compliquée pour ne mettre en avant seulement les comptes qui en valent la peine.
Une autre manière de se différencier de ses concurrents, est d’expliquer aux créateurs que l’image qu’ils renvoient à leur communauté sur Snapchat, n’a pas besoin d’être parfaite. L’équipe souhaite valoriser les contenus authentiques, pris sur le vif. « C’est facile à faire, car nous sommes la seule application qui, quand on l’ouvre, on tombe tout de suite sur son appareil photo », poursuit Julie Bogaert. Un moyen rapide de prendre en image ce que l’on a sous les yeux pour la partager en quelques secondes à sa communauté. Et les comptes qui aujourd’hui cartonnent en terme d’audience, sont ceux qui ont bien compris ce message. Par exemple, Nasdas, créateur controversé, montre la réalité d’une vie en banlieue. Just Riadh a décidé, comble du sort, de montrer les coulisses de son voyage en Corée avec Instagram, en partie sur Snapchat. Léa Elui fait de même.
Des outils de monétisation sur Snapchat destinés aux créateurs
Mais expliquer aux créateurs que venir sur la plateforme, c’est ne pas se prendre la tête pour publier du contenu, est-ce suffisant? Pas vraiment. C’est pourquoi, Snapchat essaie de les attirer également avec des outils de monétisation. Deux d’entre eux ont été développés depuis novembre 2021. Le plus récent consiste à intercaler des publicités toutes les 6 à 8 snap. C’est l’utilisateur qui active ou non cette option. Depuis la fin du mois d’avril, cette fonctionnalité est ouverte à tous les créateurs ayant 50.000 abonnés minimum, 25 millions de vues sur leurs snap et qui publient au moins 10 stories par mois. En France, 200 comptes font partie de ce programme.
En parallèle, les plus créatifs d’entre eux peuvent s’essayer aux Spotlights. Ces contenus plus longs restent sur le compte, sans s’effacer au bout de 24h. Depuis le mois de novembre 2021, les utilisateurs peuvent accéder à un fonds de monétisation. Si leur contenu reçoit une audience assez forte, la plateforme peut les récompenser.
Enfin, en tout dernier ressort, Snapchat met également en avant les collaborations entre les créateurs de contenu et les marques. Pour Julie Bogaert, c’est un formidable moyen « pour les annonceurs, de développer leur audience de manière organique. » Pour l’illustrer, elle donne l’exemple de Dior lors des Fashion Week qui laisse des créateurs animés le compte. Ou encore celui de Sundy Jules qui a fait le take over du compte de Kenzo lors de la semaine de la mode. Un moyen pour les deux parties de gagner en visibilité et d’accroître leur notoriété sur Snapchat.
L’engagement est plus qu’important sur Snapchat
Vous l’aurez compris, en 2023, l’équipe part à la conquête de créateurs de contenu. Des profils comme EnjoyPhoenix seraient en train de réfléchir à la meilleure manière d’investir l’application. D’autres comme Natoo, qui y étaient avant même l’arrivée des stories sur Instagram, tentent de se refaire une place avec des contenus originaux. Des profils originaires de toutes les applications concurrentes comme Paola Locatelli, Juju Fitcats, Benoît Queen ou encore Sally commencent petit à petit à prendre possession de leur compte et à interagir avec leur communauté. Habitués à du contenu assez lisses, ces créateurs doivent se réhabituer à publier des stories naturelles sans peur du jugement.
Dans les autres pays, notamment au Moyen-Orient, l’application est plus qu’utilisée. En moyenne, les utilisateurs publient entre 300 et 400 snap par jour, n’hésitant pas à tout filmer. En France, la moyenne se situe davantage autour des 10. « Les gens s’attachent aux personnalités. Le créateur doit comprendre que partager du contenu vulnérable, sans maquillage ou autre est la clé sur Snapchat », conclut Julie Bogaert.