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TikTok au Sénat: la finesse dans la collecte des données

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TikTok. Depuis le lundi 13 mars, la commission d’enquête au Sénat concernant TikTok a débuté. L’objectif est de comprendre comment l’application fonctionne, où vont ses données et quelle est la stratégie d’influence la concernant. Pour mener à bien ce travail, un Bureau a été constitué d’une douzaine de sénateurs. Mickaël Vallet, sénateur socialiste de Charente-Maritime, dirige les discussions. Il est accompagné de Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, en tant que rapporteur. Ils sont entourés d’une dizaine de vice-présidentes et vice-présidents présents lors des échanges avec les spécialistes.

« L’actualité aux États-Unis, au Canada, et en Europe, confortent notre initiative au Sénat. Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données. La commission d’enquête permettra de faire toute la lumière sur ces questions et fera des recommandations », indique Claude Malhuret sur le site du Sénat.

Les auditions de la commission d’enquête sont diffusées en direct et sont disponibles en replay sur YouTube. Nous avons pris le temps de les regarder en intégralité pour vous faire un résumé de ce qu’il s’est dit. Le 3 avril, trois membres de la CNIL ont été entendus: Louis Dutheillet de Lamothe, Karin Kiefer et Bertrand Pailhès.

Les spécificités de TikTok

Encore une fois, ces trois spécialistes ont répété ce qui a été dit précédemment, dans les autres auditions. TikTok est une application jeune qui collecte des données rapidement. Ils apportent cependant une nuance. « S’agissant du traitement des données, le réseau social TikTok présente des problématiques largement classiques et communes à beaucoup de réseaux sociaux, même si elles sont par certains aspects, amplifiées. Comme les autres réseaux sociaux, ce type de dispositif collecte un nombre impressionnant de données personnelles sur ses utilisateurs, d’une très grande finesse, d’une très grande intrusivité. Ce qu’il est possible de savoir sur l’utilisateur à travers ce qu’il dit, ce qu’il partage, ce qu’il regarde, son comportement sur une application telle que Facebook, Snapchat, Instagram et TikTok, est absolument impressionnant. C’est d’ailleurs pour ça que ces données intéressent autant les publicitaires, les scientifiques », indique Louis Dutheillet dès l’introduction.

Ce qui différencie l’application de ByteDance de ses concurrents est cette possibilité de comprendre au mieux l’utilisateur, très jeune le plus souvent. « La rapidité du visionnage inclut une rapidité de l’enrichissement du profilage des données, tout ça multiplié par une consommation élevée chez le très jeune public. Ça se combine avec le fait que c’est un réseau social qui a beaucoup de succès chez les plus jeunes. Ils présentent des vulnérabilités particulières, vont être moins prudents dans l’usage de leurs données personnelles, connaissent beaucoup moins leurs droits. Les risques qui sont liés à ce caractère de données personnelles sont classiques et connus », poursuit-il.

La difficulté de sanctionner TikTok en France

Comment faire pour éviter les dérives? Les trois membres de la CNIL précise qu’aujourd’hui en France, l’organisme n’a pas la possibilité de sanctionner l’application. Son siège étant basé à Dublin, c’est la CNIL irlandaise qui a la possibilité de poursuivre ou non TikTok. L’équipe française fait remonter ce qu’elle voit. Néanmoins, Karin Kiefer précise que le nombre de signalements des utilisateurs en France est ridicule. « TikTok représente très très peu de plaintes puisqu’on en a en ce moment 6 en cours. Pour faire un comparatif avec Meta, c’est à peu près une centaine de plaintes chaque année. Ça s’explique sans doute par le fait que le public qui utilise le plus TikTok est un public de mineurs et que globalement, tout secteur confondu, nous avons très peu de plaintes de mineurs, même pas 1% des plaintes que nous recevons », indique-t-elle.

En France, la CNIL reste compétente sur deux sujets: le RGPD et la Directive ePrivacy. En décembre 2022, TikTok a ainsi été sanctionné pour son site web qui ne correspondait pas à la réglementation. « Le 29 décembre 2022, la CNIL a sanctionné le réseau social TikTok pour un montant total de 5 millions d’euros pour deux raisons: les utilisateurs de « tiktok.com » ne pouvaient pas refuser les cookies aussi facilement que les accepter et ils n’étaient pas informés de façon suffisamment précise des objectifs des différents cookies », peut-on lire plus précisément sur le site du régulateur.

Avec les membres de la CNIL, les sénateurs continuent leurs investigations concernant TikTok et se voient confirmer ce qui a été dit précédemment. La plateforme collecte un grand nombre de données à une vitesse folle, et on ne sait pas exactement tout ce qu’elle peut réunir ni ce qu’elle en fait.

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