Influence marketing. Cette prise de parole de Bruno Le Maire était plus qu’attendue. Les acteurs de l’influence étaient loin d’être tous confiants sur ce qui allait être dit. Depuis le mois de décembre, le Ministère de l’économie et des finances réalise un travail avec l’ensemble des experts du secteur pour tenter de mettre fin aux arnaques en ligne. 400 d’entre eux ont été écoutés. L’objectif était de trouver un terrain d’entente pour réguler le milieu. Pour y parvenir, huit tables rondes ont été organisées durant ces trois mois, chaque mercredi, avec un thème différent (protection des consommateurs, droits et obligations des influenceurs, propriété intellectuelle, gouvernance du secteur). C’est lors de ces échanges que l’UMICC, la première fédération des acteurs de l’influence, a été créée.
Pour imaginer cet encadrement, des créateurs de contenu ont aussi été sollicités. Une grande consultation a été menée auprès des Français sur le site make.org pour avoir leurs retours au sujet des influenceurs. En parallèle, deux députés, Arthur Delaporte et Stéphane Vojetta, travaillent sur une proposition de loi pour venir compléter toutes ces actions menées depuis des mois. Elle sera présentée à l’Assemblée nationale le 28 mars prochain. Après l’ensemble de ces concertations, Bruno Le Maire avait prévenu qu’il prendrait la parole au mois de mars, pour annoncer sa position et les décisions qui vont être prises. Ce 24 mars à 11h, il s’est exprimé lors d’une conférence de presse, après avoir échangé avec les acteurs présents lors des tables rondes.
🔴 DIRECT | conférence de presse de @BrunoLeMaire sur l’accompagnement des influenceurs. 👇 https://t.co/nIgn2NdVEq
— Ministère de l'Économie et des Finances (@Economie_Gouv) March 24, 2023
Les mesures présentées par Bruno Le Maire concernant les influenceurs
- Accompagner les influenceurs
À cette occasion, Bruno Le Maire a présenté plusieurs axes pour encadrer au mieux le secteur. « C’est la première fois en Europe qu’un cadre complet sur les influenceurs va être mis en place », s’est-il réjoui. Le ministre a commencé par présenter des mesures d’accompagnement. Une définition a été donnée au mot influenceur et au rôle d’agent. Le premier a été défini de cette manière: il s’agit d’une « pratique qui consiste à créer, à diffuser à l’intention du public, par un moyen de communication électronique, des conseils ou des contenus faisant la promotion directe ou indirecte de produits ou de services en contrepartie d’un bénéfice économique ou d’un avantage en nature. »
« Nous définirons le mandat d’agent, qui représente des influenceurs auprès des personnes physiques ou morales sollicitant leurs services, dans le but de promouvoir des biens et des services ».
Pour que leurs relations soient gérées au mieux, le ministère demande à ce que des contrats soient noués entre les influenceurs, les agences et les marques lorsqu’il est question de collaboration. L’objectif premier est de responsabiliser chacune de ces parties. Le créateur de contenu sera par exemple, dans l’obligation d’être transparent vis-à-vis de sa communauté dès lors qu’il est payé ou qu’il a reçu un produit de la part d’une entreprise.
Dans ce volet, les influenceurs mineurs sont aussi concernés. Les mineurs de moins de 16 ans, devront être autorisés par agrément à exercer leur métier. 90% des sommes seront bloquées jusqu’à leur majorité. Pour ceux ayant plus de 16 ans, une autorisation parentale leur sera demandée.
- Protéger les consommateurs
Dans un second temps, Bruno Le Maire s’est penché sur le sujet de la chirurgie esthétique. Rappelons qu’il est interdit aux médecins de faire la promotion de ce type d’opérations. « La publicité à titre commerciale s’oppose au principe de la déontologie médicale. Les médecins ne doivent donner que des informations susceptibles de rendre service au public et de faciliter les relations avec leur patientèle », indiquait le Dr Jean-Marie Faroudja, Président de la section éthique et déontologie au Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) au Figaro Santé en 2019. Les influenceurs ne peuvent plus la promouvoir.
Les filtres fortement utilisés sur les réseaux sociaux posent également souci. Il est nécessaire de mettre noir sur blanc qu’un filtre ou qu’une retouche » a été réalisée. Enfin, le ministre souhaite que les prises de parole des influenceurs concernant les paris sportifs, les boissons alcoolisées ou encore les produits financiers soient réglementées au même titre que les médias. L’activité « d’influence commerciale » sera intégrée dans le code de la consommation.
- Signaler les abus
Sur le côté signalement, pour éviter un maximum les dérives, plusieurs mesures ont été prises. Bruno Le Maire met en place dès ce 24 mars, une brigade de l’influence commerciale. 15 agents au sein de la DGCCF seront chargés « de répondre aux signalement des internautes et de les faire remonter à la justice ». Les influenceurs signalés seront soumis à de nouvelles sanctions: deux ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende. Le juge pourra également appliquer une peine d’interdiction d’exercice du métier d’influenceur. En d’autres termes, il pourra fermer le compte d’un influenceur.
Pour signaler ces abus, les associations de consommateurs vont avoir un rôle bien plus importants que celui d’aujourd’hui. Leurs signalements seront traités en priorité. Du côté des plateformes, les réseaux sociaux vont devoir coopérer avec les autorités pour que les sanctions soient appliquées.
Pour s’assurer que tout se passe bien, Bruno Le Maire souhaite inviter chaque année les acteurs de l’influence à discuter des évolutions du milieu et à s’adapter si besoin.